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Communiqués de presse

Affaire PPDA, violences sexuelles dans les médias : l’impunité, jusqu'à quand ?


Depuis presque un an, les preuves accablantes s’accumulent contre l’ancienne star du journal de TF1, Patrick Poivre d’Arvor. Il y a quelques jours, le quotidien Libération a révélé de nouveaux témoignages à charge de femmes, écrivaines ou journalistes, qui disent avoir subi de sa part des agressions sexuelles. Peu à peu, la parole se libère mais pourquoi ce silence de TF1 durant des années ?

Au cœur de l’été, Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth ont écrit, au nom du SNJ, à la chaîne TF1 pour lui demander « les suites qu’elle entendait donner aux graves révélations concernant l’ancien présentateur du 20 heures ». Dans ce même courrier, les avocats conseils du SNJ citent de nombreux articles de presse faisant état d’une connaissance claire des faits par le groupe TF1.

Le SNJ a demandé dans ce courrier si une enquête interne avait été diligentée au sein de la chaîne privée française et dans l’hypothèse où ça n’aurait pas été le cas, a « sollicité l’ouverture d’une enquête dans l’intérêt des personnes s’estimant victimes de M. Patrick Poivre d’Arvor mais aussi de la profession des journalistes et de l’entreprise elle-même ».

Dans un courrier daté du 27 juillet, Didier Casas, secrétaire général et responsable éthique du groupe TF1, assure que « le comité exécutif de TF1 a mené diverses investigations en interne. Ces enquêtes (…) n’ont pas révélé de mises en cause concernant le comportement allégué de M. Patrick Poivre d’Arvor du temps où il travaillait pour le groupe ».

« Nous n’avons pas davantage retrouvé trace d’alertes qui auraient été portées à la connaissance de la direction de la chaîne » ajoute ce cadre de TF1.

Didier Casas assure qu’un « Comité social et économique a été conduit à se pencher sur les faits allégués lors de sa séance du 18 novembre 2021 », au cours duquel il « a été l’occasion de rappeler les initiatives et procédures mises en place pour prévenir, sensibiliser et former aux risques psychosociaux, ainsi que l’importance de protéger chaque collaborateur et chaque collaboratrice contre toute forme de discrimination, de violences au travail, harcèlement moral ou sexuel et agissements sexistes ». L'ancien présentateur, aujourd'hui âgé de 75 ans, a pour sa part toujours nié en bloc les accusations.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, prend acte de la réponse du groupe TF1 mais s’interroge sur cette méconnaissance de faits qui étaient connus en interne, comme l’ont documenté plusieurs enquêtes basées sur de nombreux témoignages.

Le SNJ apporte son soutien plein et entier à l’association #Metoomedia, créée le 11 novembre 2021, dont l’objectif est de « mettre fin à l'impunité des prédateurs, des agresseurs et des harceleurs qui règnent dans les médias ». A ce jour, selon l’association, 33 femmes se sont adressées aux autorités : parmi elles, 21 ont porté plainte pour harcèlement sexuel, agression sexuelle ou viol (11 femmes) contre Patrick Poivre d’Arvor.

Le SNJ salue le courage de celles et ceux qui ont osé dénoncer, et ce faisant ont participé à la nécessaire libération de la parole.

Le SNJ qui accompagne au quotidien et en justice nombre de consoeurs et confrères maltraités, sera toujours au côté des victimes, toutes les victimes d’agressions sexuelles ou de comportements et agissements sexistes dans le secteur des médias, dont la parole ne saurait être remise en cause après plus de 40 ans d’aveuglement et de surdité.

 

Paris, le 09 Octobre 2022

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