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Communiqués de presse

[AFFAIRE SOUCHIER / EUROPE 1]

Une direction ne peut pas impunément priver un journaliste de ses prérogatives


L’affaire avait fait grand bruit, début 2012 : le matin du 4 février, juste avant de rendre l’antenne, le journaliste d’Europe 1 Dominique Souchier créait la surprise en annonçant à ses auditeurs que l’émission qu’il venait de présenter ce samedi-là serait sa dernière, et qu’il en irait de même pour l’émission du lendemain (*). Motif invoqué : la direction de la radio venait de lui signifier l’interdiction d’inviter des personnalités politiques à l’approche de l'élection présidentielle, contrairement à ce qu’il faisait depuis 15 ans dans ces deux rendez-vous hebdomadaires de l’antenne d’Europe 1.

Patron de la station à l’époque, Denis Olivennes avait considéré qu’en agissant ainsi, Dominique Souchier avait démissionné. Au terme de six années de bataille judiciaire, la Cour de cassation vient de donner définitivement raison au journaliste. Dans un arrêt du 7 mars 2018, elle confirme, comme l’avait jugé la Cour d’appel de Paris, que l’annonce faite par Dominique Souchier le 4 février 2012 sur l’antenne d’Europe 1 ne constituait pas une démission, mais la prise d’acte de la rupture de son contrat de travail aux torts de l’employeur.

Les magistrats de la Cour de cassation ont estimé que la Cour d’appel avait considéré à bon droit que « les méthodes nouvellement adoptées par la société avaient impliqué une modification profonde de l’exécution du contrat de travail (de Dominique Souchier), dépossédant le salarié d’une part essentielle de ses prérogatives ». C'est à bon droit également que la Cour d'appel « a pu décider que l’employeur avait manqué de loyauté, et que ce manquement était suffisamment grave pour justifier la prise d’acte de la rupture ».

Le SNJ, qui a apporté dès le départ son soutien à Dominique Souchier, salue cette décision de la Cour de cassation. Quand la direction d’un organe de presse prive un journaliste d’une « part essentielle de ses prérogatives », cela équivaut à une rupture du contrat de travail aux torts de l’employeur. Dans cette affaire, les prérogatives concernées étaient le fait, pour le journaliste d'Europe 1, de choisir librement les invités de l’émission qu’il présentait. Puissent les patrons de presse retenir la leçon : entraver le travail des journalistes pourra leur coûter cher. 


(*) Emissions « C’est arrivé cette semaine » (le samedi matin) et « C’est arrivé demain » (le dimanche matin).

 

Paris, le 20 Mars 2018

Thèmes : Tribunal

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