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Communiqués des sections
Section SNJ Radio France

COM : la commission culture et communication du Sénat dit non

C’est une première et elle nous inquiète. La commission culture, éducation et communication du Sénat a donné un avis défavorable au contrat d'objectifs et de moyens de Radio France.

Selon le communiqué du Sénat, Jean-Pierre Leleux (Les Républicains), rapporteur en charge des crédits de l’audiovisuel, a fait partager à la commission "son inquiétude concernant les perspectives de redressement de l’entreprise". La commission reproche au COM élaboré par Radio France de "ne pas tenir assez compte des recommandations formulées par la Cour des comptes dans son rapport d’avril 2015 appelant à des réformes structurelles".

Cinq reproches sont listés :
Ne pas avoir "engagé le rapprochement des rédactions de France Inter, France Info, France Culture et France Bleu contrairement au projet Info 2015 mené à France Télévisions." 
C'était l'une des préconisations de la Cour des Comptes à laquelle Mathieu Gallet avait répondu, via un Texto : "La fusion des rédactions ne correspond pas à ma vision du pluralisme de l'information et de la complémentarité des antennes de Radio France". 

Demander à Radio France de créer une news room montre l'incroyable méconnaissance des sénateurs en la matière.

La particularité des journalistes de Radio France est de travailler pour leur chaîne, mais aussi pour les autres radios du groupe. Un journaliste de France Bleu est ainsi également le correspondant en région de France Info, France Inter ou Culture. Un reporter ou un spécialiste de France Inter travaillent également pour France Info et l'inverse est aussi vrai. La plus part du temps, les chaînes se concernent pour n'envoyer qu'un journaliste sur une mission à l'étranger ou sur un VO. C'est à se demander si les Sénateurs de la Commission Culture écoutent nos chaînes.
A moins qu'en fait leur projet de rédaction unique vise juste à supprimer la moitié des postes de journalistes.

Ce n'est pas impossible puisque le reproche suivant des Sénateurs à Mathieu Gallet c'est l’abandon du Plan de départs volontaires qui devait "alléger à terme la masse salariale", et le le retour à l’équilibre des comptes "repoussé de 2017 à 2018". La suppression de 270 postes en trois ans a été accepté par la Tutelle, mais pas par le Sénat qui réclame un PDV et plus de départs.

Enfin, la commission est en désaccord avec le choix de Radio France d'avoir "renvoyé à 2017 la décision sur l’arrêt de la diffusion hertzienne du Mouv". Les Sénateurs, voulaient donc éteindre immédiatement les émetteurs de la station jeune de Radio France.

Même critique concernant les orchestres et "l’évolution souhaitable des formations musicales préconisée par le rapport de Stephan Gehmacher", c'est-à-dire le "redimensionnement" des orchestres.

Il y a tout juste un mois, le même Jean-Pierre Leleux avait pourtant rendu hommage au "discours de vérité qu'on trouve dans le COM". Ces propos, contredits par le communiqué publié mercredi, avaient été tenus lors de l’audition de Mathieu Gallet au Sénat sur le Contrat d'Objectifs et de Moyens de Radio France.

Les reproches adressés par les sénateurs au COM, le sont autant au PDG, qu’aux salariés de Radio France qui se trouvent déjà confrontés à la suppression de 270 postes et à un plan d'économies très dur. Pas sûr qu'ils disent merci.

Après le Sénat, l'Assemblée

Le contrat d'objectif et de moyens doit être validé par le Sénat, l'Assemblée nationale et le Conseil supérieur de l'audiovisuel.


C'est la semaine prochaine, mercredi 9 décembre, à 9h30, que la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l'Assemblée nationale, et sa rapporteure Martine Martinel, se prononceront également sur notre COM.

Le CSA, a lui émis mardi, dans un avis publié sur son site, une série de recommandations.

S'agissant de l'information, le Conseil note que "les études menées par l’institut IPSOS montrent que France Inter et France Info bénéficient d’une image très satisfaisante". Le CSA demande que l'"offre d’information de référence s’adapte davantage encore aux spécificités de chaque antenne : la proximité pour France Bleu, l’actualité culturelle pour France Culture et le point de vue généraliste pour France Inter". Difficile d'imaginer faire cela dans la news room souhaitée par le Sénat.

On remarquera aussi que le Conseil juge "essentiel" que "les antennes poursuivent leurs efforts afin de rajeunir leurs publics". Un objectif qui ne concerne pas uniquement Mouv.

Quant à la banque de programme Sophia, que Radio France veut céder pour un euro symbolique, le CSA "rappelle toute l’importance qu’il attache au rôle des radios associatives en matière de lien social et de pluralisme. Il souhaite que cette question soit abordée dans le projet de COM afin de ne pas fragiliser le secteur radiophonique associatif."

Les salariés, et évidemment le SNJ, attendent avec impatience la réaction de Mathieu Gallet. Ils ont besoin de connaitre au plus vite les conséquences de la position du Sénat.

Mise à jour jeudi à midi

Radio France vient de publier un Texto qui s'intitule "Contrat d’objectifs et de moyens de Radio France : poursuite du processus d’adoption du texte". S'il ne répond pas aux critiques du Sénat, il précise que l'avis du Sénat est "consultatif".

Quelques extraits de ce texte :
"L’approbation définitive du texte par le Conseil d’administration devrait intervenir avant la fin de l’année, après le recueil des avis consultatifs du CSA et des commissions parlementaires. [...] Le projet de texte du COM de Radio France a été transmis par le Gouvernement aux commissions des affaires culturelles du Sénat et de l’Assemblée nationale le 28 octobre dernier ainsi qu’au Conseil supérieur de l’audiovisuel [...]. A partir de la date de transmission, le CSA dispose d’un délai de quatre semaines pour formuler un avis. Les commissions peuvent quant à elles formuler un avis consultatif sur le COM dans un délai de six semaines."

Une réponse utile mais pas totalement à la hauteur de la question posée.
Dans Le Figaro, par exemple, Jean-Pierre Leleux explique que "Ce non est une alerte. Si le COM réaffirme toutes les valeurs du service public, ce qui est une bonne chose, il démontre surtout une absence quasi-totale de réforme. Tout est remis à plus tard alors même que cette feuille de route arrive déjà tardivement, dix-huit mois après la prise de fonction de Mathieu Gallet. Repousser la résolution des problèmes, c’est prendre le risque d’aller dans le mur», prévient le sénateur.

Le Figaro ajoute : "Ce coup de semonce a valeur d’avertissement pour le patron de la Maison Ronde. En cas d’alternance politique aux prochaines présidentielles, il lui faudra revoir sa copie".
C'est justement la-dessus aussi qu'on attend une réponse de Mathieu Gallet.

Paris, le 03 Décembre 2015

Thèmes : Médias audiovisuels

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