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Communiqués de presse

Cyber-harcèlement : que fait Gérard Collomb ?


Les mots d'un ministre ont-ils toujours un sens ? Le 20 septembre dernier, Julie Hainaut, journaliste lyonnaise traînée dans la boue, menacée de mort et harcelée sur Internet par la « fachosphère », avait raconté son histoire dans une tribune publiée par Libération. Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) avait tenu à apporter son soutien, et celui de la profession, à cette consoeur pigiste visée par un torrent de menaces et d’injures immondes, provenant en particulier d’un site web ouvertement néo-nazi, suite à la publication d’un article critique sur un bar dans l’hebdomadaire lyonnais Le Petit Bulletin.

Sous le titre « Lyon : une pute à nègres féministe veut détruire un bar à rhum ''colonialiste'', mobilisation ! », ce site web auto-proclamé « le plus raciste de la fachosphère » n’hésitait pas à la traiter de « femelle négrophile » ou de « hyène terroriste » avant de s’en prendre à la « vaginocratie négrophile », de souhaiter qu’elle se fasse « violer par un gabonais sidaïque », d’appeler à inonder son mail et son compte Twitter, et de publier des photos volées de la jeune femme.

Trois plaintes avaient été déposées, pour provocation à la haine, à la violence, à la discrimination, et apologie des crimes de réduction en esclavage. Le procureur de la République de Lyon avait été saisi, de même que la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH). Pour les besoins de l’enquête, Julie Hainaut avait fourni les éléments permettant d’identifier l’animateur principal de ce site hébergé sur une plateforme à l’étranger. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb lui-même, s’était fendu d’un courrier adressé à notre consoeur, l’assurant de sa « totale détermination à préserver les libertés publiques notamment celle de la presse, qui font l’honneur de notre République ».

Un peu plus de sept mois plus tard, où en sommes-nous ? Nulle part. Non seulement la journaliste et son avocat n’ont eu aucune nouvelle de l’enquête, mais ils ont dû déposer une nouvelle plainte en mars, après un mail la menaçant encore une fois de mort, le jour même où elle recevait un prix du Club de la presse de Grenoble, et où elle participait à une table ronde sur le cyber-harcèlement. Ce gouvernement qui prétend lutter contre la désinformation par l'adoption d'une loi anti Fake News et contre le cyber-harcèlement et le racisme en ligne, ne semble pas pressé d'utiliser les textes existants pour mettre un terme aux agissements nauséabonds d’un groupuscule fasciste clairement identifié.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, réitère son soutien à Julie Hainaut et toutes les victimes des harceleurs racistes, sexistes, homophobes, qui prolifèrent sur le web en toute impunité. Pour le SNJ, la lutte contre le cyber-harcèlement et les discours de haine sur Internet devrait être une priorité. Laisser faire, c’est accepter la loi de l’intimidation, au détriment de la liberté d’expression.
 

Paris, le 07 Mai 2018

Thèmes : Liberté

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