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Section SNJ Pays de Loire

Courrier de l'Ouest

Dans 10 ans, que restera-t-il du Courrier de l'Ouest ?

Inventons demain, réécrivons hier


C'est la question que les journalistes se posent après la présentation d'Inventons Demain par le groupe SIPA, tant l'actionnaire n'a pas rassuré les troupes. Les pistes évoquées visent à conforter Ouest-France au détriment des Journaux de Loire. 

Ces réunions, dont celle de mardi 17 avril 2018 à Terra Botanica, ont définitivement enfoncé le clou : Ouest-France ne doit plus être considéré comme un concurrent mais comme un partenaire. L'ennemi d'hier n'est plus celui d'aujourd'hui. La pilule est difficile à avaler en Maine-Loire où Le Courrier de l'Ouest est plus que majoritaire ; et quid de l’édition des Deux-Sèvres ? Les journalistes croient au contraire que l'émulation est saine. Ce n'est pas l'avis de l'actionnaire qui avance « synergies » et « mutualisations ». Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, tout le monde est dans le même bateau : celui qui coule. Et face à constat, la mutualisation des moyens s'affirme comme la seule façon de freiner la perte des revenus du groupe SIPA.

Ainsi, la mutualisation du réseau de correspondants est envisagée comme une piste sérieuse. Des « expérimentations » sont déjà en cours dans le groupe. Pour Le Courrier de l'Ouest, ce serait la mort programmée ou comment servir notre petite locale sur un plateau d'argent à Ouest-France sans rien recevoir en échange. La mise en commun des articles produits par les journalistes n'est pas davantage exclue, la direction n'y voyant aucun problème de déontologie. « Le pluralisme sera préservé puisque des points de vue différents pourront continuer à s'exprimer dans un même journal » affirme Louis Echelard, PDG du groupe SIPA, qui confond pluralisme des médias et pluralisme des opinions. Et tant pis si, derrière la façade de la une, les contenus s'uniformisent. Car si Echelard jure la main sur le cœur : « Nous ne vendrons pas les données collectées auprès de nos lecteurs », il promet pourtant pour 2027 « une pub plus efficace avec le développement de l’usage des data. » Comprenne qui pourra. Entretemps, l'abonné sera devenu le « client » auquel on vendra un maximum de services.

Dignité, confiance, qualité, pluralisme et indépendance ont été répétés en boucle. Avec l'arrivée programmée de partenaires économiques, est-ce que l'actionnaire continuera d'assurer l'indépendance des journalistes et de la rédaction ? « La rédaction n'est pas un corps libéral à l'intérieur de l'entreprise, a martelé Louis Echelard. Une rédaction n'est pas indépendante, elle doit prendre en compte la réalité économique de notre actionnaire. Une rédaction n'est pas indépendante, elle doit être en phase avec les valeurs de son actionnaire. » Les journalistes apprécieront. Insistons : la carte de presse est individuelle et le journaliste dispose d'un droit d'opposition ; ce qui fait de lui un salarié pas tout à fait comme les autres.

Vidéos à l'appui, le groupe SIPA a essayé d'imaginer le monde en 2027. On y voit la ménagère du futur, qui commence sa journée en préparant sa liste de courses devant son frigo, tandis que son mari court avec des copains. Peut-on véritablement faire confiance à un actionnaire qui a une vision aussi étriquée du monde qui existe déjà aujourd'hui ?  « Inventons demain » ou « réécrivons hier » avec les solutions d'avenir des « vieux » hommes blancs ?

Le Syndicat national des journalistes appelle la communauté des journalistes à se tenir prête à se mobiliser contre les plans de l'actionnaire, qui vise davantage à conforter Ouest-France que les titres qu'il a rachetés en 2006, et dont les salariés semblent être relégués au second plan. Le groupe a annoncé un objectif de 15% de réduction des coûts à 10 ans.
 

Angers le 18 Avril 2018

Thèmes : Indépendance

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