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Section SNJ Ile-de-France

Groupe Moniteur

L’arrêt du fil AFP : un mauvais coup pour les rédactions d’Infopro Digital

L’arrêt des abonnements au fil de l’Agence France Presse dans la plupart des rédactions du groupe Infopro Digital (IPD) est effectif depuis le 30 septembre. L’épilogue d’un bras de fer justement engagé par l’AFP, qui s'était rendu compte que certains titres du groupe IPD « historique » utilisaient les dépêches de l’agence sans payer leur quote-part. La direction d’IPD met donc fin à son conflit avec l’AFP. De la pire des façons.



Pour les journalistes du Groupe Moniteur (GM), désormais basé à Antony, la suppression de cette source d’information essentielle, étant donné sa fiabilité et sa couverture du territoire, est un mauvais coup porté à leur travail. Dans un contexte de réduction drastique des coûts et des budgets de piges imposé par IPD, cette décision ne peut avoir qu’un impact négatif, notamment sur le pôle Collectivités locales, ses titres, ses sites web et ses clubs, voués à l’information des décideurs sur les politiques publiques nationales et locales et à leur décryptage.

Premier effet visible, début octobre, les sites web des journaux du groupe ont été expurgés des signatures AFP. Des milliers d’URL et notamment d’articles repris par Lagazette.fr ou Courrierdesmaires.fr, qui complétaient des sujets et dossiers maison, ont été perdus. Par voie de conséquence, les sites web concernés devraient dans les prochaines semaines quitter les bonnes places qu’ils occupaient dans les moteurs de recherche, faute de relayer des informations importantes. Mais l’AFP, ce n’était pas seulement ces nombreux articles que les lecteurs trouvaient en complément du travail de fond réalisé en interne et par les correspondants du Groupe Moniteur  et qui leur garantissaient une information nationale et locale. Et pour les rédactions, ce n’était pas seulement une veille. Le suivi des dépêches suscitait des idées qui alimentaient de futurs articles et commandes pour tous les supports (web, print et clubs). Sans cette matière première qu’est l’AFP, les contenus des titres phares du Groupe Moniteur ne peuvent que s’appauvrir.

Interrogée au comité d’entreprise du 17 septembre sur l’impact de sa décision sur les sites web et le travail des journalistes du groupe, la direction a fait répondre, dans une vision purement comptable, par un communiqué signé de Paul Boursier, directeur général adjoint, que les dépêches AFP ne représentaient que 7 % des visites, 3 % des pages lues de La Gazette et 2,8 % de celles du Moniteur. Et a précisé que des « solutions de contournement » seraient proposées.

Pour l’heure, c’est une version professionnelle de l’agrégateur de contenus Netvibes qui a été retenue, agrégateur qui comme son nom l’indique se contente d’agréger des données en fonction de mots clés déjà paramétrés, mais sans les hiérarchiser. Pour la crédibilité des titres et sites d’IPD et de GM, cette décision, motivée par la seule chasse aux coûts, ne peut qu’être dommageable à court et moyen terme. Elle paraît incompréhensible, au moment où les résultats de l’entreprise demeurent des plus florissants et alors que le seul Groupe Moniteur reçoit plus de 500 000 euros au titre du « Crédit d’impôt compétitivité emploi ».

Sans l’AFP, les journalistes d’IPD et de GM sauront certes montrer, une fois de plus, leur professionnalisme. Mais ils ont fait part de leur inquiétude à travers leurs instances représentatives, et notamment le SNJ. Ils s’inquiètent du « contournement de l’AFP » fixé par le management d’IPD qui paraît faire bon marché du respect du droit d’auteur, du respect des sources et de l’objectivité de l’information auxquels les journalistes sont attachés et qui font partie de la déontologie de leur métier.

Aussi la section syndicale SNJ du Groupe Moniteur appelle-t-elle les journalistes des rédactions d’IPD à ne pas céder à des « contournements » qui seraient des détournements. Elle les invite à refuser d'apposer leur signature sur des articles qui reprendraient grossièrement le travail de leurs confrères de l'AFP, par exemple à partir d’un autre média, sans citer l’auteur véritable de l’information. Ce faisant, les journalistes préserveront utilement leurs droits et leur éthique professionnelle face à la logique financière de leurs patrons.

La section SNJ du Groupe Moniteur exhorte en outre la direction d’IPD à revenir à la table des négociations avec l’AFP, afin, comme ses représentants l’ont demandé en CE, de trouver un compromis pour que les titres qui ont besoin de l’AFP dans le groupe puissent continuer à utiliser cette source d’information de première main.

Le SNJ sera, quoi qu’il arrive, aux côtés des journalistes, pour faire respecter leurs droits matériels et moraux, ainsi que leur déontologie. Il invite chacun, dans sa rédaction, à hausser la garde et à se montrer solidaire, comme nous le sommes déjà dans le combat engagé, devant la justice, pour recouvrer nos droits CFC, dont la première instance au civil est fixée au 8 octobre et la seconde au pénal est prévue le 3 novembre.

Antony, le 06 Octobre 2015

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