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Section SNJ Rhône

Le Progrès

La direction a un plan (pas social)

 

Faire moins, mais mieux, avec moins de monde. Sans crier gare, le P-dg Pierre Fanneau a annoncé dans les CSE le démarrage d’une « réflexion » qui ressemble plus à un scénario catastrophe déjà ficelé : pas de retour à la normale en septembre quant au nombre d’éditions, réduction du nombre de pages locales et du budget correspondants..

« Il va falloir qu’on s’habitue à travailler avec des moyens qui vont être en diminution ». Sur fond de récession et de résultat d’exploitation en berne, le P-dg Pierre Fanneau a évoqué sans sommation la semaine dernière, devant les élus des CSE de Saint-Etienne puis de Lyon, la possibilité d’un changement de cap radical, basé sur les enseignements tirés de la gestion de crise de ces dernières semaines.

Pour résumer, la réflexion qui est « en train de démarrer », s’appuierait sur deux tendances : maintien des éditions groupées et diminution drastique des contenus de petites locales pour « faire des économies » (pagination, budget des correspondants) ; réaffectation de moyens sur une nouvelle ambition éditoriale basée sur les contenus « à valeur ajoutée » produits par des journalistes professionnels.

Dans la bouche de Pierre Fanneau, ça donne ceci, en trois paragraphes (verbatim) :

1) « Depuis la mi-mars, nous sommes sur des éditions départementales groupées qui finalement n’attirent pas particulièrement de critiques de la part de nos acheteurs » (…) « Fin août, on sera depuis quasiment six mois en mono-éditions départementales, c’est peut-être une opportunité. A-t-on vraiment besoin de revenir au plan d’éditionnement que nous avons connu par le passé ? » (…) « On voit qu’aujourd’hui, dans les communes, les associations, les maires, etc. ont développé leurs propres canaux de communication et n’ont plus forcément besoin de nous. On voit aussi que sur Internet, ce qui déclenche l’achat d’abonnement, ce ne sont pas forcément les petites locales, mais c’est la valeur ajoutée, les contenus produits par des professionnels, et ça c’est plutôt rassurant pour vous, les journalistes, vos compétences sont reconnues. Quand on fait de la valeur ajoutée, on est légitimes, et ça fonctionne ».

2) « J’ai bien conscience qu’en septembre, on ne va pas pouvoir rester à ce niveau de pages originales produites. Il va falloir que ça remonte, mais on doit se poser la question de la pertinence de maintenir 10 à 14 pages locales par édition » (…) « L’idée serait de ne pas forcément revenir au plan de charge précédent si c’est pour revenir en arrière trois ou quatre mois après. Je ne suis pas en train de dire qu’on va passer de 17 à 5 éditions mais ça sera peut-être 9, 10, 11 » (…) « Évoluons vers un plan d’éditions et de pagination réduit. Comme ça, les lecteurs se diront : “Je passe d’une édition départementale à une édition moins départementale”. Ils n’y verront pas une réduction de l’offre ».

3) « On est en train de travailler là-dessus. On n’est pas du tout sur un changement de formule, avec un big bang. Le but du jeu, c’est de voir ce qu’on peut commencer d’initier comme évolutions à partir de septembre » (…) « Le budget des correspondants, c’est quatre millions d’euros d’honoraires par an, sur BJP, plus un certain nombre de SR qui montent les pages, des chefs d’agence ou des localiers qui les encadrent » (…) « J’ai besoin de faire des économies et de la valeur ajoutée de façon à susciter l’acte d’achat, print ou web. Il n’y a pas 50 solutions. Je préfère le faire sur de la petite information de correspondants produite avec une valeur ajoutée parfois discutable [et] regagner des moyens de journalistes professionnels pour faire de la valeur ajoutée ».

Il y a quelques semaines encore, la rédaction en chef ne jurait que par le « contrat de lecture », avec la nécessité de faire apparaître davantage certaines communes dans le journal. En quelques jours, la direction de l’entreprise est donc passée d’une approche quantitative et « low cost » de la production de l’information (destinée à booster les audiences web), à l’irrésistible envie de développer des contenus de journalistes professionnels à valeur ajoutée.

Le SNJ aimerait tellement y croire. S’il ne fait aucun doute qu’une nouvelle réduction des coûts est à l’ordre du jour, le couplet sur la valeur ajoutée ne résistera pas à une nouvelle érosion des effectifs de la rédaction. Mais Pierre Fanneau a déjà commencé à dire qu’il ne maintiendra pas forcément les effectifs signés dans le cadre du dernier plan de départs volontaires (PDV/PSE). Sans les moyens humains nécessaires, la notion de valeur ajoutée ne sera que poudre aux yeux.
 

 

Lyon, le 02 Juin 2020

Thèmes : Presse écrite

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