La FIJ condamne les récentes violations de la liberté de la presse en Algérie

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et son affilié en Algérie, le Syndicat national des journalistes (SNJ), ont exprimé leur inquiétude faces aux atteintes à la liberté de la presse dans le pays, après la condamnation d’un journaliste à une peine de prison ferme et le retrait arbitraire de l’accréditation d’un autre.

Le 24 février dernier, Mohamed Chergui, rédacteur en chef du El-Djamhouria (la République) - un quotidien arabophone régional basé à Oran - a été condamné à trois ans de prison ferme et 200 000 DA d’amende (2 000 euro) pour "atteinte au prophète Mahomet". L'affaire remonte à 2014, suite à la publication d’un article dans lequel une phrase erronée se serait glissée mais qui aurait provoqué le licenciement du rédacteur en chef et le dépôt d’une plainte contre lui par sa propre direction. Le procès du journaliste serait, en outre, entaché de plusieurs vices de forme.

« Nous sommes choqués par cette décision injuste, résultat d’un procès opaque et bâclé », a déclaré Jim Boumelha, président de la Fédération internationale des journalistes. « Il est d’autant plus révoltant que celle-ci soit le résultat d’une plainte déposée par la direction d’un journal contre son propre journaliste. Nous appelons les autorités algériennes à réexaminer cette affaire et à abandonner toute poursuite contre Mohamed Chergui ».

Dans une autre affaire, le Ministère de la Communication algérien a refusé de renouveler l’accréditation de presse du Boualem Ghoumrassa, correspondant du journal londonien Asharq Al-Awsat. Selon le témoignage du journaliste, cette décision arbitraire serait liée aux « atteintes » qu’il aurait porté à certains « hauts responsables de l’État » dans une émission télévisée, Al Magharibia. Le Ministère de la Communication l’accuserait d’avoir violé une charte éthique dont le journaliste affirme qu’elle n’existe pas.

Le Syndicat national des journalistes en Algérie a fermement dénoncé cette « mesure abusive » et souligné que les faits reprochés au journaliste n’étaient aucunement liés à son activité professionnelle. « Nul ne doit être privé de son droit au travail, à l’exercice de son métier pour ses opinions », a déclaré Kamel Amarni, Secrétaire général du SNJ. « Le Syndicat en appelle aux autorités concernées pour qu’elles annulent cette mesure qui frappe injustement notre confrère et le rétablir, dans les meilleurs délais, dans ses droits en lui restituant son accréditation ».