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Communiqués de presse

[Journée Mondiale de la Liberté de la Presse]

La FIJ exhorte les gouvernements du monde entier à soutenir une convention sur la protection des journalistes


En ce 25ème anniversaire de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) déclare que les pics de violences visant les journalistes démontrent qu’il ne peut y avoir de liberté de la presse lorsque les journalistes vivent et travaillent dans la peur. La FIJ a dénombré 32 journalistes et membres du personnel des médias tués depuis le début de l’année. En d’autres termes, deux journalistes sont tués chaque semaine. La FIJ estime que la crise sécuritaire dans les médias appelle à une action mondiale contre l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes. Elle exhorte les gouvernements du monde entier à s'engager dans la défense de la liberté de la presse en approuvant la proposition de la FIJ : la Convention internationale sur la sécurité et l'indépendance des journalistes et autres professionnels des médias.

L’enquête sur les violations des droits et libertés des journalistes menée annuellement par la FIJ auprès de ses affiliés à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse montre qu’en 2018 un nombre important de journalistes sont intimidés, attaqués, mis en prison et tués alors que l’impunité règne dans plus de 90% des cas. Plusieurs rapports des affiliés de la FIJ décrivent une augmentation des violences contre les journalistes à travers le monde depuis le 3 mai 2017.

En Afghanistan, 10 journalistes ont été tués ce lundi 30 avril : en dix ans, il s’agit de la journée la plus meurtrière pour les journalistes dans ce pays.

En Grèce, le parti politique d’extrême droite Golden Dawn (« Aube dorée ») continue sa campagne d’intimidation visant la presse. L’affilié grec de la FIJ, le JUADN, rapporte plusieurs cas de violence et d’intimidation contre des journalistes et des organisations de médias. Deux cas ont été rapportés par la FIJ et la FEJ à la Plateforme du Conseil de l'Europe pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes : l’un concernait le rédacteur en chef spécialiste en sports Aris Asvestas, l’autre visait l’attaque des bureaux du journal Kathimerini à Thessalonique.

Au Pérou, l’Association nationale des journalistes du Pérou (ANP) a dénombré pas moins de 92 attaques contre les journalistes. Pour la première fois en vingt ans, les menaces de poursuite judiciaire sont devenues la forme d’intimidation la plus courante, devant la violence physique. L’Association rapporte qu’aucune enquête n’a été menée sur les 92 cas.

En Somalie, quatre journalistes ont été tués en 2017. Le Syndicat national des journalistes somaliens (NUSOJ) rapporte que 22 journalistes ont été arrêtés et 8 ont été agressés physiquement. Deux autres ont écopé d’une peine de prison de deux ans en 2018 après avoir été accusés de propagande contre la nation. Ce syndicat déplore le taux d’impunité jamais atteint qui contribue à encourager les attaques contre la presse locale.

Face à ces graves atteintes visant la presse, la FIJ demande la mise en place d’un mécanisme qui permette de punir les coupables. Sa « Convention internationale sur la sécurité et l'indépendance des journalistes et autres professionnels des médias » offre un moyen d’aller de l’avant.

Cette nouvelle convention est la première à établir des normes impératives instaurant des garanties spécifiques aux journalistes et professionnels des médias. Elle permettra de codifier toutes les règles applicables dans un seul instrument, réunissant à la fois les droits humains et les dispositions du droit humanitaire. Elle inclura : l'obligation de protéger les journalistes contre les atteintes à leur vie, les arrestations arbitraires, les campagnes de violence et d'intimidation, l'obligation de les protéger contre les disparitions forcées et les enlèvements (par des agents de l'État ou des acteurs privés), l'obligation de mener des enquêtes efficaces sur les allégations d'ingérence et de traduire en justice les coupables. Elle intensifiera l'examen international des attaques contre les journalistes et aidera les autorités nationales à comprendre leurs obligations internationales, actuellement fragmentées dans plusieurs dispositions conventionnelles et jurisprudentielles. Elle permettra de traduire les coupables en justice. Enfin, dans le contexte d'un conflit armé, elle obligera à traiter les travailleurs et les locaux des médias comme des civils (et par conséquent comme des cibles illégitimes) et à mener des opérations militaires avec la diligence requise.

« Nous ne pouvons pas célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse sans demander aux gouvernements du monde entier de prendre leurs responsabilités pour garantir la sécurité de nos collègues », a déclaré Philippe Leruth, Président de la FIJ. Il ajoute : « La liberté de la presse, c'est la possibilité pour les journalistes de travailler sans crainte. La population a le droit d'être informée par des médias indépendants et libres. Cette convention internationale établit pour la première fois des normes contraignantes qui favorisent la sécurité de nos collègues dans l'exercice de leurs fonctions ».

« Avec l'attaque dévastatrice contre nos collègues en Afghanistan ce lundi, ce sont 32 journalistes qui ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions cette année. Cela signifie que deux journalistes sont tués chaque semaine », a ajouté Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ. « Ces meurtres ne doivent pas rester impunis. Il est temps de reconnaître que les journalistes sont exposés à des risques particuliers en raison de leur profession et qu’il faut leur fournir une protection adéquate. C'est ce que fera cette convention internationale. Nous exhortons les États membres de l'ONU à l'adopter sans délai et à prendre un engagement concret en faveur de la liberté de la presse ».



Lire aussi sur le site de la fédération internationale des journalistes (FIJ).
 

Bruxelles, le 02 Mai 2018

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