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Communiqués de presse

Le journaliste syrien Hussam Hammoud doit être protégé, la France doit lui accorder un visa

Lettres aux ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et à la commission des recours contre les refus de visas


Réuni en Bureau national ce mardi 6 septembre à Paris, le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, a envoyé, ce même jour, un courrier au ministère de l'Intérieur, au ministère des Affaires étrangères ainsi qu'à la Commission des recours contre les refus de visas. Dans cette lettre, le SNJ demande instamment de bien vouloir protéger notre confrère Hussam Hammoud et de lui accorder le visa qui lui permettra de se réfugier en France et de faire une demande d’asile.



« Hussam Hammoud est un journaliste syrien qui a effectué de nombreux reportages et enquêtes sur la Syrie pour différents médias français : Mediapart, France 24, L’Express, Le Monde, Arte, notamment sur des sujets autour de Daesh », rappelle le SNJ dans les trois courriers adressés en recommandé ce mardi 6 septembre. « Basé initialement en Syrie, il a du se résoudre à quitter son pays sous la menace de différents groupes armés. Il est actuellement en Turquie où il poursuit son travail d’enquête sur le financement de Daesh. A ce titre, il a, à nouveau, été menacé et n’est donc pas en sécurité dans ce pays où il croyait avoir trouvé refuge et protection ».

« Du fait des liens professionnels et amicaux qu’il a tissés avec des journalistes français, c’est donc logiquement vers la France qu’il s’est tourné pour une demande de visa humanitaire. Mais, ce visa qu’il avait demandé auprès du consulat de France à Ankara vient de lui être refusé », termine le SNJ, qui « demande instamment de bien vouloir protéger notre confrère Hussam Hammoud et de lui accorder le visa qui lui permettra de se réfugier en France et de faire une demande d’asile ».


Par ailleurs, le SNJ a signé ce mercredi 7 septembre, ce texte, appelant le journaliste syrien Hussam Hammoud à être protégé :

Le journaliste syrien Hussam Hammoud a appris lundi que sa demande de visa humanitaire avait été refusée par la France. Il travaille sur des sujets cruciaux, comme le terrorisme pour plusieurs médias français. Sa vie est aujourd’hui menacée en Turquie et en Syrie. Syndicats et sociétés de journalistes attendent que les autorités reviennent sur leur décision.

Depuis des années, le journaliste syrien Hussam Hammoud collabore avec des médias français et étrangers, dont Radio France, Mediapart, Le Monde, France 24, The Guardian ou la BBC. Il a signé des enquêtes remarquées sur le terrorisme et les crimes de Daech, organisation contre laquelle il a toujours lutté, et a dû fuir Raqqa en urgence, en octobre 2019, après le retrait de la coalition internationale de cette zone. Il est depuis réfugié en Turquie, où il a poursuivi son travail de journaliste, notamment sur les financements de l'Etat Islamique. Et où il est à nouveau menacé par des groupes terroristes.

Lundi 5 septembre, Hussam Hammoud s’est vu refuser sa demande de visa humanitaire par la France dans un mail type lapidaire. Il espérait, si celle-ci avait été acceptée comme ce fut le cas pour d’autres journalistes syriens, pouvoir demander l’asile et mettre à l’abri sa famille. A 30 ans, il estime que sa vie et ses rêves sont « détruits ». Lui refuser ce visa, c’est le maintenir sous la menace des groupes armés et mettre sa vie en péril.

Au printemps 2019, il a fourni, avec l’aide de la journaliste française Céline Martelet, des documents inédits sur Daech au Parquet national antiterroriste français, qui a alors reconnu « un travail très important ». Comme des milliers de réfugiés syriens en Turquie, Hussam Hammoud risque l’expulsion vers la Syrie, où la mort l’attend – il a d’ailleurs déjà été torturé par des djihadistes étrangers.

La France ne peut rester silencieuse et indifférente à son sort, alors qu’elle a le pouvoir d’agir et de protéger un journaliste qui a risqué sa vie pour informer nos concitoyens, et qui est aujourd’hui plus que jamais menacé en raison du métier qu’il exerce.

En 2021, déjà, le journaliste afghan Elyaas Ehsas avait frôlé l’expulsion (vers la Suède) car la France refusait d’étudier sa demande de protection, alors que ses proches avaient été évacués par les autorités françaises après la chute de Kaboul. Après des mois de clandestinité et de mobilisation, il avait finalement été autorisé à déposer sa demande d’asile en France.

Nous, syndicats et sociétés de journalistes signataires de cet appel, demandons instamment au gouvernement, et en particulier aux ministères de l’Intérieur et de la Culture, d’accorder un visa humanitaire à Hussam Hammoud, au nom de la liberté d'informer et d'être informé, piliers de notre démocratie, et d’accorder à Hussam Hammoud la reconnaissance élémentaire pour son concours à la défense de nos valeurs et de notre sécurité.

N’abandonnons pas un journaliste ainsi exposé en Turquie, qui peut à tout moment le remettre aux autorités d'un pays qu'il a quitté parce qu'il y était menacé de mort. Notre État de droit ne peut se permettre une telle indignité. 

 
Paris, le 07 Septembre 2022

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