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Communiqués de presse
Section SNJ Provence

Les femmes journalistes de "La Provence" font cadeau de 221 301 euros à leur direction


L'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, ça avance, paraît-il. C'est ce que dit le gouvernement, qui a fait de ce sujet la « grande cause du quinquennat ». C'est ce que nous, femmes journalistes de La Provence, écrivons régulièrement au sujet d'entreprises, de services, d'administrations qui agissent en ce sens. L'égalité professionnelle progresse aussi dans de nombreuses rédactions, où des accords ont été signés pour rééquilibrer les écarts de carrière injustifiables dans notre métier.

Bravo au quotidien Les Échos qui a acté que, d'ici cinq ans, la moitié des fonctions hiérarchiques, des postes à responsabilité et des fonctions à haute visibilité seront occupés par des femmes. Le monde bouge, les mentalités évoluent. "Time's up !", "il est temps!", écrivions-nous dans une tribune publiée en janvier 2018 et signée par 62 femmes sur les 65 de notre rédaction, pour dénoncer les inégalités de salaires et de promotions.

Et depuis ?... Eh bien depuis, rien n'a changé à La Provence, ou si peu.

Les résultats de l'Index égalité mis en place par le ministère du Travail sont pourtant venus confirmer nos dires : avec une note d'à peine 59 sur 100, La Provence se classe parmi les cancres de la parité. Seulement 16% des entreprises font un aussi mauvais score, se mettant en "alerte rouge", a pointé la ministre du travail Muriel Pénicaud. A La Provence, en 2019, une femme journaliste gagne en moyenne 3 303 euros bruts de moins par an que ses confrères. A poste égal, à travail égal, à qualification égale, certaines restent moins payées. Et l'écart de salaire augmente avec l'ancienneté  (jusqu'à 20% dans certaines tranches), car les promotions semblent réservées aux hommes, qui occupent 80% des postes dits à responsabilité. A l'échelle de l'entreprise, le différentiel de rémunération flambe à 8304 euros bruts annuels. Il est vrai que les postes dirigeants sont accaparés par les hommes: une seule femme se place parmi les dix plus hauts salaires de l'entreprise.

Il n'y a que notre direction que ce bilan social d'un autre âge n'émeut guère. Malgré des promesses plusieurs fois réaffirmées de s’engager sur ce dossier, le PDG a décidé pour l'heure... de ne rien faire. Seule « concession » envisagée : appliquer, avec 13 ans de retard et sans effet rétroactif, la loi de 2006 qui a rendu obligatoires les augmentations au retour d'un congé de maternité. Une loi qui a été complètement ignorée jusqu'à présent dans notre entreprise. Quelle fleur pour les futures mamans ! Et... tant pis pour toutes les autres. Elles continueront à être plus mal payées que leurs confrères, à être ignorées dans la distribution des postes à responsabilité. A jouer les potiches sur la photo officielle. Injustes, et désormais illégales, de telles inégalités sont d'autant moins acceptables qu'elles pénalisent l'image de notre média. Les entreprises les plus paritaires sont aussi celles où la qualité de vie au travail et les performances économiques sont les meilleures.

Aussi, ce mardi 5 novembre 2019, date à partir de laquelle les salariées françaises travaillent gratuitement, nous irons remettre à notre direction un chèque symbolique de 221 301 euros, somme qu'auraient gagné en plus, cette année, les 67 femmes de la rédaction si l'égalité professionnelle était respectée à La Provence. En prime, nous offrirons au DRH un échantillon de 35 situations individuelles à examiner de près. Alors que vont bientôt se décider les augmentations, primes et promotions de fin d'année, espérons que ce "chèque cadeau" rappelle aux dirigeants de notre entreprise l'existence et les mérites de ses salariées. Nous espérons bien sûr être soutenues dans notre démarche par l'ensemble des salariés et des syndicats de l'entreprise.
 

Le collectif des femmes journalistes de "La Provence"
 

Marseille, le 04 Novembre 2019

accès pour tous