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Section SNJ Ile-de-France

Rapprochement Europe 1–JDD : une fusion-absorption qui ne dit pas encore son nom


Que cache ce projet de rapprochement des rédactions d’Europe 1, du JDD et de Sport.fr présenté jeudi 17 décembre aux salariés des trois entités par la direction de Lagardère Active ? Soyez sans crainte, a expliqué en substance le patron Denis Olivennes. Le but est simplement de « multiplier notre force de frappe rédactionnelle ». De quelle manière ? En favorisant –via une unité de commandement– les synergies entre l’offre d’information d’Europe 1 et celle du JDD, en mutualisant certaines informations, en institutionnalisant la présence des « grandes signatures » des deux « marques » à la fois sur le print et à l’antenne, en renforçant l’efficacité de l’offre sur le numérique…

Bref, les journalistes et l’ensemble des salariés auraient tort de s’inquiéter. Mieux : il faudrait saluer la clairvoyance de la direction de Lagardère Active quand elle explique que ce regroupement des forces dans l’information quotidienne est la riposte du groupe à la bataille engagée depuis plusieurs mois autour de nous par de puissants acteurs qui ont pour noms Bolloré, Drahi, Weill, Berger-Niel-Pigasse et Arnault… « Nous ne voulons pas être absents de cette bataille, nous devons accélérer dans un monde qui accélère », proclame fièrement Denis Olivennes dans une opération de communication faisant la part belle à un projet de déménagement de l’ensemble des équipes dans un immeuble situé rue des Archives (1).

Les syndicats d’Europe 1 (le SNJ notamment) et du JDD ne font pas une lecture aussi exaltée de ce projet présenté comme « historique ». Rapprochement, synergies, mutualisation… les initiatives récentes des concurrents cités par Denis Olivennes montrent à quoi cela aboutit à plus ou moins brève échéance : gains de productivité, suppressions d’emplois, remise en  cause des spécialités avec, au bout du compte, appauvrissement éditorial.

Le projet préparé par la direction de Lagardère Active n’échapperait pas à ce scénario. Avec comme premières victimes les rédactions numériques promises très vite, a reconnu Denis Olivennes, à une mutualisation. On devine la conséquence, notamment pour le JDD : privé de déclinaison numérique propre, un journal perd une part importante de son rayonnement.

En prenant soin d’expliquer que rien n’est écrit à l’avance, que tout le monde va être associé à la construction du projet au travers d’ateliers communs aux deux rédactions, Denis Olivennes et Fabien Namias (actuel directeur général d’Europe 1 et probable futur patron de la nouvelle entité) adoptent un langage de démocratie participative auquel le groupe Lagardère ne nous a guère habitués jusque-là.

Les syndicats d’Europe 1 et du JDD émettent de sérieux doutes sur la sincérité d’une telle démarche. Le projet présenté ressemble fort à une fusion des rédactions (qui dit fusion, dans le monde capitalistique, dit absorption) qui n’oserait pas – pas encore ! – dire son nom, et qui, sous des apparences d’innovation partagée, aurait pour principale visée de franchir une étape supplémentaire dans la recherche de rentabilité.

Après la cession de la presse magazine internationale (2011) ; la cession de dix titres du pôle HFA-France (2014) qui a mis la totalité de leurs journalistes à la rue ; la vente en cours du pôle parental de HFA ; puis la cession envisagée à très brève échéance du pôle grand public constitué de Télé 7 Jours, France-Dimanche et Ici-Paris ; la fusion Europe 1 – JDD serait la cinquième marche d’un processus planifié de longue date et touchant cette fois-ci à « l’environnement sacré » (2) de Lagardère Active. Denis Olivennes innoverait en rapprochant une radio et un journal.

Y voyant avant tout la poursuite d’une stratégie défensive (et non pas offensive comme l’affirme la communication du groupe), les syndicats d’Europe 1 et du JDD réclament à la direction de Lagardère Active des garanties pour l’emploi et l’ouverture d’un débat de fond. Loin de défendre un quelconque statu quo, ils considèrent que le maintien de la qualité éditoriale nécessite d’autres réponses.

Olivier Samain, DS SNJ Europe 1

(1) Europe 1 quitterait son siège historique de la rue François 1er à l’horizon 2018.
(2) Expression utilisée par Arnaud Lagardère lui-même, le 2 octobre dernier lors d’un comité de groupe, pour définir le pôle rassemblant Europe 1, le JDD, Paris-Match et Elle.

 

Lire aussi sur le blog du SNJ Ile-de-France.

Paris, le 23 Décembre 2015

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