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Section SNJ Ile-de-France

UES L'Equipe : une "relance" en absurdie

La direction du groupe L’Equipe ne recule devant rien. Interrogée en comité social et économique (CSE) sur les motivations de son énième projet de restructuration, elle a assuré que ce vaste plan d’économies se dédoublait d’une « relance ambitieuse », pour reprendre l’expression du directeur général, Jean-Louis Pelé, dans sa communication. Si la période actuelle et le contenu de cette réorganisation n’étaient pas aussi inquiétants, cela prêterait à sourire.

Quelle « relance ambitieuse », quand les seules innovations sont la création d’un service de décryptage de trois reporters et la renaissance d’une rédaction en chef numérique supprimée lors de la fusion des rédactions il y a deux ans ?

Quelle « relance ambitieuse », quand la direction annonce vouloir « concentrer nos forces de production sur nos points forts », comprenez : les sports majeurs, les événements majeurs et les sportives et sportifs français ? Drôle de manière de présenter les choses puisqu’il s’agit ni plus ni moins – c’est écrit noir sur blanc ! – de « baisser la voilure » sur la moitié des clubs de Ligue 1, sur la Ligue 2, sur le Top 14.

Ce n’est pas tout : la direction veut fusionner les groupes BHV et Sports Olympiques, en supprimant 5 des 21 postes au passage. Elle prévoit « une couverture à la baisse des Championnats de France (et Coupe de France) de basket, hand, volley chez les hommes et les femmes mais aussi des meetings, Grands Prix et étapes de Coupe du monde dans les disciplines olympiques (hiver comme été) ». Des décisions frappées au coin du bon sens alors que se profilent les Jeux Olympiques de Paris en 2024…

Dans la même démarche purement comptable, les services d’édition Foot et Omni seraient réunis, soit toujours moins de spécialisation et donc d’expertise.

Quant à France Football, ex-« bible du football » transformée en supplément mensuel de L’Équipe, il s’agit carrément de supprimer tous les résultats de la nouvelle formule.

Une soixantaine de postes supprimés juste avant les grands événements de 2021

Quelle « relance ambitieuse », quand la direction veut supprimer plus d’une cinquantaine d’emplois et laisse planer la menace sur le volume de piges ? Toutes les fonctions et tous les services sont frappés, ou presque (les chefs ont, eux, la garantie de l’emploi). Pour les reporters, la fonction la plus impactée, cela représente 20% de postes en moins sur L’Equipe et France Football, ce dernier voyant sa rédaction complètement décimée. Les services déjà lourdement touchés lors du PSE de 2018 sur la réorganisation de la réalisation vont subir à nouveau des suppressions de postes.

Comme l’explique notre directrice des ressources humaines dans son dernier communiqué aux salariés, ces licenciements auraient lieu en avril. Envisager une telle saignée à la veille des grands événements que sont Roland-Garros, l’Euro de foot, le Tour de France et les Jeux Olympiques de Tokyo montre que nos dirigeants ne comprennent rien à notre activité. A ce niveau, ce n’est plus de l’inconséquence, c’est du sabotage !   

Dans le même temps, la direction explique sans ciller viser une « accélération sur le numérique payant afin d’atteindre d’ici à 2024 l’objectif de marge diffusion équivalent à 300 000 abonnés directs ». Où est la cohérence ? Affaiblir violemment ses forces de production, restreindre son champ d’action, tourner le dos à son histoire omnisport qui a fait de L’Équipe un journal unique au monde, à l’origine de tant de compétitions (Coupes d’Europe de football et de basket, Coupe du monde de ski, etc.), est-ce la meilleure solution pour conquérir des abonnés ?

Une gestion comptable à courte vue

Alors que le numérique pourrait offrir un espace infini pour aller chercher tous les publics, proposer des contenus sur un maximum de disciplines, de territoires qui sont autant de bassins de lecteurs potentiels, d’approches du sport (sociétal, économique, artistique, amateur, etc.) en s’appuyant sur des traitements différents (data, animations graphiques, utilisation des archives…). Le riche calendrier de ces prochaines années (JO, Euros, Coupes du monde de foot et de rugby), qui s’ajoute aux feuilletons de la saison toujours plus nombreux, offre une opportunité de se montrer vraiment ambitieux pour trouver un modèle économique efficace et pérenne.

La crise sanitaire, la perturbation des compétitions, a eu des conséquences douloureuses sur l’activité et les résultats 2020 de la SAS, c’est vrai. Mais le Groupe Amaury, installé sur sa trésorerie en croissance continue, a les moyens de l’aider à franchir cette période délicate. Malgré la crise, la direction prévoit pour le Groupe un résultat d’exploitation positif de plusieurs dizaines de millions d’euros en 2020, supérieur à celui de l’année 2017.

Le Groupe Amaury donne du temps à la chaîne L’Equipe pour arriver à l’équilibre. Pourquoi n’en fait-il pas autant pour ses titres de presse ? Notre modèle économique est en pleine transformation, et il serait plus profitable d’investir pour l’avenir plutôt que de se tirer une balle dans le pied.

L’Équipe et France Football sont des titres prestigieux, des références à travers le monde. Il s’agit d’être à la hauteur de ce passé et de cette place de leader de l’information sportive, qu’une gestion simplement comptable menace d’éroder peu à peu. A la direction de la SAS L’Equipe de se montrer innovante, conquérante, audacieuse, sur tous les terrains. C’est sa mission, sa responsabilité, son excitant défi. Qu’elle ne fasse pas payer ses salariés si elle ne s’en sent pas capable.

Paris, le 26 Novembre 2020

Thèmes : Licenciement

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