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Communiqués de presse

Le livre noir de la prévoyance pigistes

Dans le cadre de la négociation portant sur la création d’un régime de complémentaire santé destiné aux journalistes pigistes, le Syndicat national des journalistes publie Le livre noir de la prévoyance pigistes. Cette étude recense une bonne partie des problèmes, des blocages et des situations inextricables auxquels nos consœurs et confrères sont confrontés au quotidien pour faire valoir leurs droits. La démonstration est faite : le régime de prévoyance pigistes, tel qu’il fonctionne actuellement, ne répond à sa vocation que de façon tout à fait marginale et reste, de ce fait, inutilisé – voire même inutilisable – par une grande majorité des salariés qui y cotisent.

Pour huit euros collectés, un seul redistribué ! Tel est, en 2013, le bilan du régime de prévoyance (*) spécifique aux journalistes rémunérés à la pige. Et il ne s’agit pas d’un « millésime » d’exception : le même rapport a été de 11 pour 1 en 2011, 7 pour 1 en 2012 et 2010… Ainsi, ces salariés ne seraient que très rarement malades ou en incapacité de travail, ne feraient pas d’enfants et ne prendraient donc pas de congés maternité, ne seraient pas victimes de décès, accidentels ou non, pendant leur vie professionnelle…

La réalité est évidemment tout autre. Près de quarante ans après la conclusion de l’accord de branche qui mettait en place cette protection sociale, le constat est affligeant : d’un côté une grande majorité de journalistes pigistes ne sont pas informés de leurs droits en la matière ; de l’autre, les rares qui connaissent des droits préfèrent souvent y renoncer, plutôt que d’affronter les lourdeurs de la Sécurité sociale en plus des réticences hostiles des employeurs et des DRH à appliquer la convention collective.

Résultat : non seulement les journalistes pigistes ne bénéficient quasiment pas d’un régime financé par des cotisations prélevées sur leurs piges. Mais en plus, lesdites cotisations vont, de ce fait, alimenter la protection sociale des autres salariés, qui bénéficient eux d’une relative sécurité de l’emploi et des régimes qui vont avec !

Une situation inique, qui vient d’être mise en lumière dans le cadre de la négociation de branche consacrée à la mise en place d’une complémentaire santé pour tous les journalistes pigistes. Les organisations patronales, qui avaient en ligne de mire les fonds non consommés de la prévoyance, ont voulu en profiter pour minimiser d’autant les cotisations patronales au futur dispositif santé. Bien leur en a pris puisque cela nous a permis d’accéder enfin au bilan de la prévoyance qui nous était caché jusque-là. Et de mettre l’amélioration de ce régime comme préalable à toute autre discussion.

Dans le même temps, le SNJ a lancé une consultation la plus large possible auprès des journalistes pigistes, afin de percer les raisons profondes de la sous-utilisation des prestations du régime de prévoyance. La masse des réponses reçues par le syndicat via ses délégués dans les entreprises, ainsi que des témoignages recueillis grâce à une liste de discussion non syndicale sur Internet, a permis d’établir une synthèse alarmante de la situation. Il s’agit d’un véritable « livre noir », destiné à appuyer un débat qui s’annonce âpre.

(*) La prévoyance est une assurance couvrant essentiellement les « gros risques » : décès, invalidité et incapacité longue. Elle intervient en complément des indemnisations de la Sécurité sociale et des dispositions conventionnelles, comme le maintien de salaire en cas de maladie, maternité, accident du travail, prévu par les articles 36 et 42 de la convention collective. S’appliquant obligatoirement à tous les journalistes rémunérés à la pige, ce régime de prévoyance existe depuis l’accord de 1975, qui constitue l’annexe III à la convention collective nationale de travail des journalistes. Il est aujourd’hui géré par Audiens et financé par des cotisations (patronale au taux de 0,413% et salariale de 0,21%) prélevées sur les piges.

 

le 28 Août 2014

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