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Communiqués des sections
Section SNJ Rhône

Le Progrès

Si c’est vrai, c’est (plus) dans Le Progrès


Il fallait le croire sur parole, on en doutait. Michel Lucas, grand patron du Crédit Mutuel, s’était voulu rassurant il y a un an, affirmant n’avoir jamais fait preuve d’interventionnisme dans les journaux détenus par la banque fédérative. Bon, allez, juste une « petite » entorse, lorsqu’il avait fallu envoyer un reporter en Haïti vanter les mérites de l’action humanitaire de la fondation du Crédit Mutuel et abreuver de ces louanges tous les quotidiens du groupe (1). Depuis jeudi dernier, on sait que la main mise de la banque sur les contenus de « ses » journaux ira beaucoup plus loin que ça.

Ce jeudi 29 décembre au soir, donc, sur instruction du rédacteur en chef Xavier Antoyé, une rédactrice en chef adjointe du journal a appelé un journaliste pour lui ordonner de retirer une dépêche AFP du site. De quoi s’agissait-il ? D’une information expliquant que la CNIL venait de procéder à des vérifications au Crédit Mutuel et au Républicain Lorrain. Dans cette dépêche (2), l’AFP expliquait que la CNIL cherchait à comprendre comment des journalistes avaient pu avoir accès à des informations bancaires, simplement en ouvrant des dossiers dans leur Outlook Express… L’affaire avait été révélée quelques jours auparavant par le Canard Enchainé. Oui mais voilà, il ne fallait pas en parler dans Le Progrès. Pourquoi ? « C’est une affaire privée » répond la rédaction en chef. C’est plutôt, outre le caractère particulièrement choquant de ce bug’ phénoménal, une information qui fait tâche pour un banquier qui explique à qui veut l’entendre qu’il a inventé l’ordinateur et l’informatique, et qui est censé assurer la sécurité des données personnelles de ses clients.

Syndicat majoritaire à la rédaction du Progrès, le SNJ exige des explications et condamne vigoureusement cette atteinte à la liberté d’informer, qui porte en elle les prémices de dérives futures gravissimes. Que se passera-t’il le jour où la banque devra affronter des difficultés importantes, voire un scandale de l’ampleur du dossier Kerviel ? On s’abstiendra sans doute de participer au buzz ? Première organisation de la profession, le SNJ milite au plan national pour qu’une loi reconnaisse l’indépendance juridique des rédactions, seul moyen de donner aux journaux et aux journalistes les moyens de lutter efficacement contre le poids des actionnaires et de certains annonceurs.

Déplorable, cet épisode constitue au pire un acte de censure pure et simple, au « mieux » la démonstration que la rédaction en chef du Progrès a totalement abdiqué. Trois réponses possibles, donc, pour la question du jour. A votre avis, la censure de cette information résulte :

  1. De l’interventionnisme maladif d’un actionnaire qui veut tout contrôler façon 1984 de George Orwell ?
  2. D’une hiérarchie tellement traumatisée par la réputation du « grand requin blanc » qu’elle fait preuve d’un zèle inédit ?
  3. Des deux mon capitaine !

En cette nouvelle année 2012, le SNJ souhaite bien du courage à l’ensemble des journalistes du Progrès. Il en faudra pour s’opposer collectivement à la dégradation des conditions d’exercice du métier, pour dire non aux journées à rallonge, à la vision « productiviste » du secrétariat de rédaction. Il en faudra pour résister tous ensemble aux atteintes contre l’identité du journal et son indépendance vis-à-vis de l’actionnaire notamment. Bonne année à tous quand même !
 

Lyon, le 03 Janvier 2012

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