Après les beaux discours, les journalistes du Progrès attendent des actes
Philippe Carli en mode calinothérapie. Le président du groupe Ebra n'est pourtant pas coutumier du fait, et il en avait encore fait la démonstration en disant aux collègues de l'Est Républicain qui lui parlaient « d'ambiance dégradée » : « Si vous n'êtes pas bien, je ne vous retiens pas ! ». Au Progrès, c'est pourtant bien en essayant d'arrondir les angles que Philippe Carli s'est présenté devant les représentants du personnel puis les salariés du Progrès et de Publiprint ce mercredi 13 avril.
Le mouvement de grève des journalistes du Progrès, le 7 avril dernier, a semble-t-il surpris par son ampleur. Le président a-t-il pris conscience que cette mobilisation pouvait se propager et/ou se réitérer ?
Sans doute. Devant les représentants du personnel puis devant tous les salariés, il a déroulé une « saison 2 » qui doit être celle du développement après celle des plans sociaux. Un développement sur trois ans décliné en quatre épisodes :
1) renforcer les « offres des contenus » et « services créateurs et valeurs et d’engagement »
2) développer un « modèle de revenus croissants profitables de valeurs et d’engagements »
3) Investir dans de « nouveaux relais de croissance »
4) Accompagner le « développement personnel de nos collaborateurs » et « affirmer notre culture d’excellence »
Sans spoiler les épisodes à suivre, ce jargon marketing risque de se concrétiser ENCORE par du travail en plus pour les salariés toujours contraints en effectifs. Ce que n’ont pas manqué de lui faire remarquer les élus SNJ lors du CSE précédent la réunion devant les salariés. Conditions de travail dégradées, manque d'effectifs à la rédaction : depuis trois ans, les choix ne sont pas faits et il faut toujours faire plus avec moins de gens (pour rappel le plan digital first a supprimé 20 postes de journalistes et les départs de confrères ne sont pas tous remplacés).
« J’ai entendu votre mécontentement », a répondu Philippe Carli tout en disant qu’il y avait toujours 1400 cartes de presse dans le groupe comme lorsqu'il est arrivé. « J'ai lu très attentivement la lettre ouverte du SNJ et il faudra faire des arbitrages... Est-on obligé de faire toute la locale ? Il va falloir adapter nos organisations, certaines tâches devront être abandonnées... C’est vrai qu'on a ajouté des journalistes à certains endroits et pas à d’autres et qu’on a rajouté pas mal de travail. Ce qu’on a peut-être pas suffisamment bien fait, c’est de faire des choix et d'arrêter de faire ce qu'on ne sait pas faire… Et certaines ressources, comme celles du projet Asapp abandonné, devront être redéployées… »
Pas d’embauche donc. « Des embauches seront faites », mais pas à la rédaction. Au marketing éditorial car « nous devons comprendre ce qu’attendent les lecteurs… », estime Philippe Carli.
A la rédaction, il faudra faire des choix. C'est ce que nous entendons à longueur de journée depuis trois ans et rien n'est jamais priorisé.
Pour tenir les engagements promis au Crédit Mutuel, Philippe Carli souhaite porter sa « saison 2 » sur 7 engagements, dont celui, pour la rédaction, de « lutter contre la désinformation et pour l’excellence journalistique ». L’information ne s’écrit pas sans journalistes, M. Carli. Et après une «saison 1» qui a laissé la rédaction rincée, la « saison 2 » ne doit pas être celle du renoncement au métier.
Après le mouvement de grève historique du jeudi 7 avril, les journalistes du Progrès ne se contenteront pas de beaux discours. Ils attendent des actes.
Les élus SNJ du Progrès
Rappel des prochaines échéances :
- La direction s’est engagée d’abord à aller rencontrer les équipes de quatre services ou départements priorisés. Doivent y être abordés les missions, l’organisation, la charge de travail, les sujets à prioriser, ceux à lâcher. Le rédacteur en chef s’est rendu à Lons le 14 avril dernier, viendront ensuite le desk 01/39, la dep du Rhône et la Haute-Loire. Les autres services suivront d’ici la fin de l’année sauf les sports 69 où le travail a déjà été fait, selon Xavier Antoyé.
- Une réunion sur les fiches de postes doit se tenir avec les organisations syndicales le mardi 26 avril.
- Les NAO (négociations annuelles obligatoires) portant notamment sur les salaires doivent tenir leur première réunion le mercredi 27 avril.