Formulaire de recherche


SNJ - 33 rue du Louvre - Paris 75002 - 01 42 36 84 23 - snj@snj.fr - Horaires


Communiqués de presse

Concentration des médias : à quand une réforme ambitieuse des aides à la presse ?


La commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias a rendu public, le 31 mars, ses travaux débutés il y a 6 mois. Les parlementaires ont effectué 48 auditions dont celle du Syndicat national des journalistes (SNJ) en décembre dernier. La commission a remis 32 propositions. Certaines sont prônées par le SNJ depuis des années comme une réforme urgente et nécessaire des aides à la presse, qui tarde à venir malgré une tentative timide dans le cadre de la mission Franceschini.

Pour autant, ce rapport parlementaire de 350 pages accouche d’une souris notamment sur la question de la concentration des médias puisque les sénateurs renvoient à « l’organisation en 2022 d’un grand débat au Parlement où le gouvernement viendrait présenter les conclusions qu’il tire et les orientations qu’il envisage suite aux rapports de la commission d’enquête et des corps d’inspection » (proposition 29).

Concernant la réforme de la loi de 1986, des propositions vont dans le bon sens mais il ne tient qu’aux sénateurs de déposer une proposition de loi pour la réformer.

Le rapport préconise de réviser les conditions d’octroi des aides au pluralisme et à la modernisation en prenant en compte la situation financière des groupes auxquels les titres candidats sont rattachés (proposition 27) et d’accorder une bonification des aides à la presse aux titres respectant de manière volontaire certains critères permettant de mieux assurer l’indépendance des rédactions (proposition 28). Deux préconisations qui vont dans le sens des nécessités prônées par le SNJ.

Le Sénat préconise d’accorder aux journalistes travaillant dans des agences de presse les mêmes droits que tous leurs autres confrères, en matière de clause de conscience ou de cession (proposition 15). Le SNJ attend désormais une proposition de loi sénatoriale sur ce sujet.

Le rapport promeut des comités d’éthique, instaurés par la loi Bloche, dans tous les médias, en leur donnant des moyens afin qu’ils soient efficients. Aujourd’hui, les comités d’éthique existent – quand ils existent – uniquement dans l’audiovisuel et pas dans la presse écrite.

Le rapport n’aborde pas l’application de la loi, du Code du travail, de la convention collective des journalistes, ou encore le respect du salariat par les employeurs. Ces obligations devraient être réaffirmés par la représentation nationale.

Réuni en Bureau national ce mardi 5 avril, le SNJ appelle le futur gouvernement à engager une réforme courageuse et ambitieuse des aides à la presse afin qu’elles répondent enfin à leur objectif initial : garantir le pluralisme et la qualité de l’information.

Le SNJ revendique l’instauration par la loi d’une indépendance juridique des équipes rédactionnelles, afin de doter les journalistes d’un véritable droit d’opposition collectif afin de les protéger des pressions, d’où qu’elles viennent.

Le SNJ a constaté que des employeurs ont sciemment menti devant la commission parlementaire du Sénat pendant leurs auditions. Un exemple parmi d’autres : auditionné le 10 janvier par les sénateurs, Nicolas Théry, président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale (actionnaire du groupe Ebra), a déclaré « n’avoir pas d'ambition de rachat ou d’extension »; deux mois plus tard, le groupe Ebra achetait le groupe de presse numérique Humanoid.

Des groupes de presse continuent donc à construire des empires médiatiques, en dépit de tout pluralisme nécessaire dans une société démocratique digne de ce nom.

 

Paris, le 07 Avril 2022

accès pour tous