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Communiqués de presse

[Lettre ouverte]

« En Afghanistan, plus que jamais il est urgent d’agir ! »

Lettre ouverte à Emmanuel Macron, Président de la République


Le Syndicat national des journalistes a écrit le 22 décembre dernier à Emmanuel Macron. Dans cette lettre, le SNJ demande au président de la République de tenir sa promesse de venir en aide aux journalistes afghans, plus que jamais confrontés à des situations dramatiques. Nous n'avons à ce jour reçu aucune réponse de la part de l'Elysée. Nous décidons de rendre cette lettre publique.



Monsieur le Président,

Le 15 août 2021, les talibans se sont rendus maîtres de Kaboul. La France alors, a fait montre d'humanité. Elle a été à la hauteur de sa réputation de pays de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. Les efforts de tous ses agents, sur place et dans d’autres capitales, ont permis à de nombreuses Afghanes et Afghans en danger de quitter Kaboul dans les jours qui ont suivi.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, en étroite liaison avec la Fédération internationale des journalistes (FIJ), forte de ses 600 000 adhérents dans 150 pays, a créé immédiatement un groupe spécialisé dans l’aide à apporter à ses consœurs et confrères menacé-e-s.

Le 16 août 2021, vous avez déclaré : « De nombreux Afghans, défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants, sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement. Nous les aiderons parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles et ceux qui partagent nos valeurs, autant que nous pourrons le faire. »

Depuis, le SNJ n’a cessé de faire lien avec la cellule spéciale du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Rencontres, échanges de listes et de mails se sont succédé. Nos interlocuteurs se sont toujours montrés intéressés et volontaires pour agir.

Mais depuis plusieurs mois déjà la situation des journalistes ayant quitté le pays et réfugiés dans les pays voisins - principalement en Iran et au Pakistan - est devenue de plus en plus alarmante. Nous l'avons signalée à de nombreuses reprises au Quai d'Orsay. Ces femmes et ces hommes attendent depuis des mois un rendez-vous avec les autorités consulaires françaises. D’autres, ayant été reçus continuent d’attendre, depuis des mois également, de recevoir une réponse à leur demande de visa.

Récemment, certains se sont vus refuser leur visa VLS-asile en Iran, après avoir légitimement espéré pendant de très longs mois. Vous le savez, en Afghanistan, les femmes sont tout particulièrement exposées. Toutes et tous craignent un renvoi forcé et pourtant impensable! - en Afghanistan où les exécutions publiques viennent notamment de reprendre.

Ces journalistes, souvent jeunes, éduqués et polyglottes, appellent la France au secours. Leurs maigres ressources sont épuisées et l’hiver est là : ils et elles sont à bout de forces.

Lors de nos dernières rencontres, le Ministère des Affaires étrangères nous a répondu que les difficultés et lenteurs dues à des problèmes de personnel, avaient été constatées, qu'elles allaient être réglées et les retards rattrapés. Nous avons également appris que les procédures de demandes de visas avaient aussi évolué...

Mais pour l'heure, aucune amélioration n’est survenue. Or le Pakistan a annoncé de son côté que toute personne, sans papiers ou dont les visas temporaires sont arrivés à échéance au 31 décembre 2022, est passible de trois ans de prison et/ou sera renvoyée dans son pays d’origine ! Ceux et celles qui se trouvent en Iran doivent vivre au rythme du contexte de violences et de révolution dans leur pays, avec là encore la crainte permanente que la république islamique ne les renvoie chez les talibans. Nos consœurs et confrères se trouvent toujours et plus que jamais confrontés à des situations dramatiques et espèrent toujours l'aide promise par la France.

Ils et elles espèrent, tout comme le SNJ, que votre promesse sera effectivement tenue.

Alors qu'en Afghanistan la traque des journalistes et des opposants aux talibans s'intensifie, alors que de très nombreux médias ont fermé et que nos consœurs et confrères sont plus que jamais en danger, plus que jamais, il est urgent d’agir !

Dans l’attente d’une réponse écrite voire d’un rendez-vous pour mieux vous exposer nos attentes et souhaits, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, l’assurance de notre haute considération.
 

Paris, le 10 Janvier 2023

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