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Communiqués de presse

Encore une entrave à la liberté d’informer : 750 euros d’amende pour un reportage


Les journalistes peuvent-ils couvrir les actions de désobéissance civile sans être inquiétés ? L’exécutif semble en tout cas déterminé à les en dissuader. C’est ainsi que le journaliste de Reporterre Alexandre-Reza Kokabi a écopé d’une amende de 750 euros pour avoir couvert l’action des activistes d’Extinction Rebellion, qui s’étaient introduit sur les pistes de l’aéroport d’Orly afin de dénoncer les conséquences écologiques du trafic aérien.

Lors de cette action du 26 juin 2020, il avait été interpellé en même temps que les activistes et placé en garde à vue pendant 10 heures, bien qu’il ait à plusieurs reprises décliné son identité de journaliste. Le sous-préfet chargé de mission pour l'aéroport Paris-Orly a ensuite décidé de lui infliger une amende malgré son statut de journaliste, lui reprochant un « manquement à la sûreté aéroportuaire », d’avoir accédé aux zones de sûreté à accès réglementé « sans raison légitime » de s'y trouver, et d’y avoir circulé « sans détention d'habilitation, de titre de circulation aéroportuaire ou autres documents » l'y autorisant.

Pourtant, il avait bien une « raison légitime » de s’y trouver : il faisait son métier de journaliste, il était en reportage, et racontait même l’événement en direct.

Le quotidien Reporterre, en soutien à son journaliste, a annoncé le 9 septembre qu’il allait contester cette décision, par la voie d’un « recours hiérarchique » auprès du ministre de l’Intérieur M. Gérald Darmanin.

Le SNJ et le SNJ-CGT s’insurgent contre cette amende et le refus de la prise en compte du statut de journaliste de notre confrère, et apportent leur soutien à cette action en justice. Il est intolérable qu’un journaliste puisse être placé en garde à vue et condamné parce qu’il a suivi des activistes pour le besoin d’un reportage, même dans un lieu à l'accès réglementé.

Ceci apparaît comme une nouvelle entrave à la liberté d’informer et à la liberté de suivre l’actualité des mouvements militants. Les nombreuses blessures de journalistes en manifestation semblent une façon de décourager les reporters qui les couvrent. Le suivi des actions de désobéissance civile devient également de plus en plus difficile.

D'autres journalistes ont subi des poursuites similaires. En mars, un collègue de Librinfo 74 était convoqué au tribunal alors que le ministère public réclamait une amende de 200 euros contre le journaliste qui a couvert une action d'Extinction Rebellion dans l'enceinte de l'aéroport de Meythet à Annecy. Le journaliste a finalement été relaxé. En Mai, un autre journaliste de la radio locale H20 a aussi été relaxé pour les mêmes faits.

Pour Alexandre-Reza Kokabi également, il n'y a pas d'autre décision envisageable. Et si le journaliste n'est pas relaxé, le SNJ et le SNJ-CGT mobiliseront largement pour dénoncer cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse.

 

Paris, le 11 Septembre 2021

Thèmes : Liberté

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