Eric Ciotti et le RN : ce que vous ne lirez pas dans nos colonnes

« Ciotti a-t-il bénéficié d’un coup de pouce du RN en 2017 ? » Les lecteurs qui ont découvert cet article sur nos sites ce mardi soir et en pages départementales (Alpes-Maritimes et Var) ce mercredi ont pu être surpris de l’absence de signature et du peu de place consacrée à un sujet pourtant explosif, eu égard notamment à l’actualité du parti Les Républicains, force politique si présente dans notre région.

Et pour cause ! Le sujet aurait pu bénéficier d’une parution exclusive dans nos colonnes avant que l’affaire ne soit publiée dans l’édition du Canard enchaîné ce mercredi. L’hebdomadaire satirique n’a eu l’information que lundi, veille de son bouclage.

Deux reporters de Nice-Matin ont, eux, travaillé pendant des semaines sur ce dossier, obtenant l’ensemble des éléments qui permettaient une diffusion en prenant toutes les précautions et en appelant l’ensemble des protagonistes. C’est ce qui était prévu avec le directeur des rédactions. Mais il a fait machine arrière lundi. La raison invoquée : un risque de manipulation et une absence de confiance de la source.

Mais alors pourquoi faire paraître dans nos éditions le bâtonnage d’une dépêche AFP si l’on considère la source (identique, quel que soit le support) pas fiable et le sujet pas pertinent  ? Finalement, le journal perd sur tous les tableaux : deux journalistes voient leur travail jeté à la poubelle, ce qui aurait pu être une exclusivité devient une citation d’un confrère et le sujet est quand même publié. Si nous n’avions rien eu dans nos titres, le veto aurait pu être justifié, sans forcément convaincre. Mais là, il n’y a même pas l’once d’une cohérence dans ce feuilleton qui abîme notre image et brouille la ligne éditoriale de Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin.

On nous reproche régulièrement d’avoir certaines figures politiques trop souvent dans nos pages et sur nos sites. La présence d’Eric Ciotti se justifiait cette fois pleinement, avec une couverture digne de ce nom. Elle aurait permis justement de montrer que nous sommes indépendants et que malgré les pressions réelles et régulières de certains barons locaux qui se croient tout permis, la presse n’a pas à adopter leur tempo ou tenir compte de leur avis.

C’est à la presse d’imposer son rythme et son contenu. C’était notamment le sens des promesses de Xavier Niel dans son Projet 75. C’était aussi le message du directeur des rédactions, prônant plus d’exclusivités, d’enquêtes… Entre autres.

Par manque de courage, on en voit le résultat. Illisible et catastrophique.