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Sud Ouest

L’affaire Cabana, révélatrice de problèmes de fond au sein de la rédaction


Le SNJ (syndicat majoritaire dans la rédaction de « Sud Ouest ») est solidaire de l’initiative du Collectif des femmes journalistes de « Sud Ouest », qui a envoyé le 6 janvier une lettre ouverte pour dire son indignation après le recrutement par la direction de la rédaction de la journaliste Anna Cabana comme éditorialiste dans les colonnes de notre quotidien. S’ils ne sont pas à l'origine de ce mouvement spontané, les élus SNJ le soutiennent sans réserve.

De cette affaire qui a tenu en haleine la rédaction vendredi, on retient d’abord une mobilisation inédite, rapide et massive : 74 femmes signataires et 93 hommes solidaires, soit 167 journalistes sur 234 titulaires sollicités ont exprimé leur soutien, dans toutes les agences et à tous les postes. Elle paraît aussi révélatrice de problèmes structurels à « Sud Ouest », que notre syndicat a de nombreuses fois pointés, dans les instances du personnel et dans ses communiqués : inégalité de traitement et de représentativité entre hommes et femmes, management vertical et prises de décisions arbitraires, manque de transparence, de communication et de concertation dans la définition de la politique éditoriale, entre autres.

L’affaire a trouvé un épilogue provisoire dès vendredi soir, quand Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction, a annoncé qu’Anna Cabana avait, dans ce contexte, décliné la proposition. On avancera que cette embauche était une très mauvaise réponse à un vrai problème, soulevé depuis longtemps et de plus en plus crucial  : l’absence dans nos colonnes de femmes éditorialistes.

Le recrutement inédit à ce poste d’une pigiste, décidé sans concertation ni annonce officielle, mettait la rédaction devant le fait accompli. Le profil de la candidate sollicitée, compagne d’un ex-ministre et pointée par le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) pour conflit d’intérêts, à la suite d’une émission télé qu’elle avait animée, ne pouvait que créer du dissensus.

L’éditorial représente le journal, et notamment sa rédaction. Le choix de celle ou celui qui les écrit nous engage tous et doit donc être partagé. De plus, vendredi, aucune communication de la direction de la rédaction sur la venue d’Anna Cabana n’avait été faite, quatre jours avant qu’elle ne signe son premier édito. Certains l’ont découvert avec la lettre du collectif.

Surtout, les femmes journalistes n’ont pas compris pourquoi la direction de la rédaction n’avait pas envisagé de procéder à un recrutement interne parmi les 97 femmes titulaires. La direction considère-t-elle qu'aucune d'entre elles n'a les compétences requises pour le poste ? La question a été posée et se posera assurément dans les prochains jours si la direction de la rédaction entend s’exprimer devant toute sa rédaction.

Le SNJ suivra de près les suites de cette mobilisation collective qui va au-delà d’une simple colère des femmes journalistes de « Sud Ouest », et à laquelle plus des deux tiers de la rédaction s’est associée. Il espère que cet épisode sera l’occasion d’aborder et de traiter enfin, dans le dialogue, quelques-uns des problèmes de fond évoqués ci-dessus. Ce n’est pas la première fois que le management est remis en cause dans ses méthodes. Il doit aujourd’hui enfin faire confiance à sa rédaction.

 

 

Bordeaux, le 09 Janvier 2023

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