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Communiqués de presse

L'arrêt du pont aérien signe l'arrêt de mort des journalistes en Afghanistan


Nous, journalistes membres du Syndicat national des journalistes, appelons le gouvernement à maintenir coûte que coûte le pont aérien entre la France et l'Afghanistan, aussi longtemps que possible. Cesser trop tôt les opérations d'évacuation, comme cela a été annoncé, revient à signer l'arrêt de mort de centaines de nos consoeurs et confrères journalistes, fixeurs et traducteurs en Afghanistan.

« Depuis le début des opérations, plus d’une centaine de Français et plus de 2 000 Afghans auront rejoint ce soir le sol français », précise le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué du 25 août. Plus de 2 000 Afghanes et Afghans exfiltrés, mais combien d'autres qui attendent encore à l'aéroport de Kaboul ou terrés chez eux, terrorisés et dans l'attente d'une main tendue de la France ?

« Plus de 2 000 Afghans », un nombre qui reste dérisoire au regard des dizaines de demandes de journalistes qui nous parviennent jour et nuit depuis une semaine...

Ces demandes sont celles de journalistes, de fixeurs et de traducteurs qui ont travaillé durant des années avec nous, journalistes français en mission, qui nous ont assistés, qui nous ont parfois logés et nourris, et qui nous ont surtout sécurisés et protégés, dans le cadre de notre travail en Afghanistan.

Ces demandes viennent aussi de consoeurs et de confrères afghans qui ont tant oeuvré pour la liberté de la presse et pour la liberté d'expression dans leur pays, durant les années de pouvoir des Talibans comme durant les vingt années qui ont suivi : des femmes et des hommes dont les noms figurent désormais sur des listes de personnes recherchées par les Talibans.

Toujours selon le ministère des Affaires étrangères ce 25 août, « l’ensemble des services de l’Etat concernés et l’ambassade de France sur le terrain restent pleinement mobilisés pour assurer de nouvelles rotations. Des vols supplémentaires devraient ainsi avoir lieu dans les prochains jours ».

Nous aussi, nous sommes pleinement mobilisés à vos côtés pour soutenir et aider nos consœurs et confrères en Afghanistan, en identifiant les personnes en danger ainsi que leurs familles, en établissant des listes pour le centre de crise et l'ambassade de France à Kaboul, et en effectuant leurs demandes d'évacuation. En leur nom, nous appelons donc la France à maintenir ce pont aérien le plus longtemps possible, pour sauver un maximum de vies.

Des dizaines de journalistes ont été assassinés ces dernières années, sans que le gouvernement afghan n’identifie jamais les auteurs de ces actes. Avec le retour au pouvoir des talibans, il est fortement à craindre que de telles exécutions se multiplient.

Nos consœurs et confrères afghans qui espèrent encore quitter leur pays risquent la persécution, l'arrestation, la torture et la mort et, pour les femmes, des mariages forcés avec des talibans.

Leur temps est compté.

Ce pont aérien leur est vital.
 

Paris, le 26 Août 2021

Thèmes : International (FEJ, FIJ)

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