Résolution finale du 103e congrès du SNJ

Réuni en congrès national du 20 au 22 octobre 2021 à Strasbourg, le Syndicat national des journalistes dénonce la « zemmourisation » de la campagne présidentielle. Le polémiste fait l’objet d’une couverture médiatique frénétique, alors que ses postures et prises de position doivent interroger l’ensemble de la profession sur sa mission d’information. La responsabilité des directions des rédactions quant à ce suivisme nauséabond doit être questionnée.

Le SNJ rappelle qu’aucun journaliste ne peut être contraint d’accomplir un acte ou exprimer une opinion contraire à sa conviction ou sa conscience professionnelle, comme il est rappelé dans la Charte d’éthique professionnelle des journalistes 1918-38-2018.

Le SNJ rappelle la nécessité de mettre les rédactions à l’abri de toute forme de pression, en les dotant d’un droit d’opposition collective. Ce droit passe par la création, dans la loi, d’un statut juridique des équipes rédactionnelles garantissant leur indépendance.

Alors qu’un groupe de travail créé par le ministère de la Culture cherche à identifier les journalistes qui couvrent les manifestations, le SNJ s’oppose à tout système d’identification qui reviendrait, in fine, à réglementer la liberté de circulation des reporters sur la voie publique et contrôler l’information. Le SNJ déposera un recours au Conseil d’Etat et saisira les juridictions européennes si le gouvernement persiste à entraver le travail des journalistes.

La liberté d’informer et d’être informé est menacée alors que le ministère de l’Intérieur réécrit -  seul ! - le Schéma national du maintien de l’ordre, sans consulter les organisations syndicales représentatives de journalistes. Le projet de loi dit Sécurité globale 2 doit également mobiliser citoyens et organisations contre toute tentative d’entraver les libertés fondamentales en France. C’est la raison pour laquelle le SNJ appelle à la constitution d’une large coalition des défenseurs des libertés.

Dans la presse écrite, le plan filière, qui vise à restructurer et à supprimer des imprimeries, risque d’avoir des conséquences sur la qualité de l’information : éloignement des centres d’impression, regroupements d’éditions, horaires de bouclage avancés, perte d’indépendance des titres. Ce plan filière est abondé à hauteur de 36 millions d’euros par l’Etat, donc par nos impôts et les employeurs flairent la bonne aubaine pour supprimer des postes et encaisser un joli chèque.

Le SNJ, qui s’est démené pour que « l’aide sociale exceptionnelle » réservée aux journalistes pigistes et censée amortir les effets de la crise sanitaire voie le jour, invite les pigistes éligibles à déposer leur dossier avant le 15 novembre.

Alors que le scrutin est ouvert jusqu’au 9 novembre, le SNJ appelle la profession à voter massivement dès le premier tour des élections à la Commission de la carte de presse.

Si le prix Nobel de la paix 2021 a été attribué à deux journalistes pour « leur combat courageux pour la liberté d’expression », le SNJ rappelle que 65 journalistes ont trouvé la mort en 2020 dans le monde. Le SNJ demande à la France de soutenir la Convention FIJ contre l’impunité des assassins de journalistes et de leurs commanditaires afin qu’elle soit soumise à l’Assemblée générale des Nations-Unies.

Le SNJ appelle la France à mettre tout en œuvre pour obtenir la libération immédiate de notre confrère Olivier Dubois, retenu au Mali, et seul otage français connu dans le monde.

Mobilisé pour venir en aide aux confrères et aux consœurs, le SNJ a enregistré 1 044 demandes d’assistance de journalistes afghanes et afghans depuis le début de la crise afghane. Le SNJ réitère sa demande auprès des autorités françaises de permettre à nos confrères et consœurs d’obtenir un visa humanitaire numérique pour quitter le pays par le Pakistan, l’Iran, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Tadjikistan ou l'Inde, avant de rejoindre la France. Le SNJ appelle la profession à contribuer au fonds de soutien de la Fédération internationale des journalistes (FIJ).

A l'occasion du congrès électif de Strasbourg, le SNJ a procédé au renouvellement de ses instances nationales et du secrétariat général désormais composé de : Agnès Briançon-Marjollet, nouvelle secrétaire générale; Antoine Chuzeville, secrétaire général sortant; Myriam Guillemaud Silenko, secrétaire générale sortante; Vincent Lanier, secrétaire général sortant; et Emmanuel Poupard, premier secrétaire général sortant. Le Bureau national du SNJ a également élu Isabelle Piroux, nouvelle trésorière, et Patrick Guerrier, nouveau trésorier adjoint.