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Communiqués de presse

Une vraie liberté pour Libération ?


Libération serait (les salariés n’ont toujours pas eu confirmation) depuis le 3 septembre 2020,  la propriété du « Fonds de dotation pour une presse indépendante », un organisme à but non lucratif dont l’objectif est d’assurer une mission d’intérêt général, créé en août à l’initiative d’Altice France, l’entreprise du milliardaire Patrick Drahi, maison-mère de l’opérateur de télécoms SFR. 

 

Les salariés, qui ont découvert cette cession le 14 mai dernier par une simple annonce d’Altice, ont regretté que « cette décision, d’une importance fondamentale dans l’histoire et pour l’avenir de Libération, a été annoncée de façon inattendue et non concertée, alors que les salariés ne sont pas présents à la rédaction en raison des circonstances sanitaires. » 

 

Si cette possibilité a été saluée, la réussite d’un tel projet nécessite de remplir les conditions suivantes :

–     des garanties juridiques, financières et sociales, notamment en matière de dotation et d’effectifs, tant à court qu’à long terme ;

–     une association en toute transparence des salariés à la mise en place et à la gouvernance de ce dispositif, afin qu’ils aient les moyens de s’assurer par eux-mêmes de leur indépendance.

 

Même si Arthur Dreyfus, Secrétaire général d’Altice, a tenu à rassurer les salariés en leur affirmant que « cette nouvelle structure garantit à Libération sa totale indépendance éditoriale, économique et financière », les journalistes, eux, n’ont à ce jour aucune des garanties nécessaires requises. 

 

Pourtant, un tel projet devrait enthousiasmer toutes celles et ceux qui cherchent une solution alternative à l’emprise des groupes industriels et financiers sur une grande partie de la presse française. Sauf que ce plan est plus que perfectible !

 

Le Syndicat national des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, tient à apporter tout son soutien aux journalistes et aux autres salariés du quotidien qui se battent pour l’indépendance et la qualité de l’information.

 

Le SNJ alerte les pouvoirs publics sur les atteintes irréversibles qui, de rachats en reprises, de mutualisations des contenus en désagrégations des rédactions, sont en train de faire disparaitre le pluralisme en France. Les ministères de tutelle ont toute latitude pour arbitrer les attributions des aides à la presse (près de 2 milliards d’euros d’argent public, aides directes et indirectes, chaque année selon la Cour des comptes)  qui devraient servir les dispositions de l’article 34 de la Constitution française en faveur du pluralisme et de la qualité de l’information.

 

Le SNJ exige la mise à plat de tout un système qui a prouvé ses déficiences, parfois graves puisqu’il n’y a pas de transparence ni de contrôle des fonds versés. Une mystérieuse commission décide, où sont représentés la puissance publique et… les patrons des grands groupes privés.


Il est plus qu’urgent que la nouvelle situation dans laquelle se trouve Libération soit examinée sérieusement et que les fameuses garanties demandées soient inscrites noir sur blanc et déclarées pérennes. Il reste si peu de quotidiens nationaux ! A défaut, les observateurs les plus bienveillants à l’égard des pouvoirs en place ne pourraient que constater qu’une fois de plus, qu’une fois de trop, ces derniers ont plus apporté d’aide à la finance privée qu’à la démocratie. 

 

Paris, le 10 Septembre 2020

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