Derrière un tech&fest clinquant, le démantèlement du Dauphiné libéré
Ce jeudi 1er et vendredi 2 février, à Grenoble, le Dauphiné libéré organise son premier salon Tech and fest, « un festival BtoB dédié à l’innovation sous toutes ses formes ». Le premier événement à l’initiative du directeur général, Christophe Victor, arrivé en janvier 2022. Ce dernier n’a pas lésiné sur les moyens pour que ce salon soit, avant même son début, un succès. Equipe recrutée spécifiquement à des salaires jamais vus au Dauphiné libéré, plusieurs salariés détachés de leur service pour cet événement, utilisation des pages du Dauphiné libéré à des fins de communication… On sait déjà que ce salon sera présenté comme une réussite.
Une réussite qui ne cachera pas les échecs successifs de Christophe Victor depuis son arrivée : un changement de formule et un nouveau format, le 6 mai 2023 qui ont déstabilisé notre lectorat, une newsletter quotidienne qui, jusqu’à à aujourd’hui, n’a pas trouvé son public, une présence de plus en plus importante sur les réseaux sociaux au détriment de la qualité, un renouvellement de certains cadres qui n’a pas amélioré l’ambiance de travail.
Cette réussite laissera aussi un goût amer pour certains salariés du Dauphiné libéré qui, depuis le 27 novembre dernier (juste avant les fêtes de fin d’année) sont sous la menace d’un Plan de suppression d’emplois. 20 postes vont être supprimés, principalement dans le département du Vaucluse et chez les assistantes. Alors que le Crédit Mutuel se revendique la banque des territoires et de la proximité, le journal, dont elle est l’unique actionnaire, fait l’inverse.
Des assistantes en moins, c’est un lien de plus que l’on supprime entre le Dauphiné et les associations, chefs d’entreprises, correspondants, élus, lecteurs ou internautes. C’est réserver encore davantage l’accès à l’information à quelques-uns, bien loin des valeurs solidaires prônées par le Crédit mutuel et ses clients actionnaires.
Retirer des journalistes du Vaucluse, c’est priver une partie de la population d’un département d’une information locale de qualité et pluraliste, Christophe Victor prônant le partage du territoire avec le quotidien La Provence. C’est venir affaiblir l’un des piliers de la démocratie : la liberté d’être informé. Un fondement que nous n’imaginions pas détruit par le Crédit Mutuel. Et pourtant…
Cette réussite n’effacera pas le mépris, néanmoins poli, de la direction envers les représentants du personnel depuis le début des négociations. Pas de discussion, aucun pas en avant, aucune possibilité d’évoquer ou d’améliorer les conditions de travail pour l’après PSE.
Cette réussite ne pourra pas soulager les douleurs physiques et psychologiques de celles et ceux qui ne savent pas de quoi leur avenir sera fait : dans quel département, avec quel salaire pour quel travail ? Des interrogations qui n’effleurent même pas nos dirigeants, trop occupés à additionner les économies potentielles.
Alors que ce salon porte sur l’innovation festive et éthique, les salariés du Dauphiné libéré savent que l’innovation de Christophe Victor, c’est une gestion à grands coups de plans sociaux où l’éthique n’a pas sa place… Quant à la fête, elle n’est que pour l'actionnaire !