Droits d’auteur : résistance !

Droits d’auteur : résistance !

C’est bon ça, coco ! Ton sujet, tu le files au groupe Ebra ? Allez, c’est sympa, une tape dans le dos, et on en parle plus. C’est comme ça, à la bonne franquette, que les dirigeants du groupe Ebra, incarnés par les patrons de NOS journaux, ont décidé de saborder le dossier des droits d’auteur des journalistes. Ça, c’est la méthode cool. Et puis il y a la méthode plus vicieuse, testée sans réussite peu avant les JO de Pékin, qui consiste à demander son accord préalable au journaliste, pour que ses papiers soient diffusés dans l’ensemble des titres, sans quoi... adieu le reportage !

Plusieurs incidents de ce type se sont produits ces derniers mois au sein de tous les titres du groupe. Le dernier, en date, au Progrès, portait sur la couverture de la visite du pape en Israël. Ce type de chantage a assez duré. Les journalistes du Progrès, des DNA, de l’Est Républicain, ne sont pas des journalistes d’agence de presse. Le grand journal mutuel, Est France, comme comparaison à Ouest France, n’existe que dans l’esprit des financiers, qui voient des billets de banque à la place de nos articles, au détriment du vécu, de la culture, de l’identité de chacun des journaux, de l’indépendance de chacune des rédactions.

Lors des Etats généraux de la presse, les dirigeants du groupe Ebra n’ont pas été les moins virulents, pour tenter d’arracher la cession automatique des droits d’auteur au sein des groupes de presse. Ce que les patrons n’ont pas réussi à obtenir aux Etats généraux, où ils se sont retrouvés face aux représentants du SNJ -le seul syndicat de journalistes qui a décidé de rester jusqu’au bout pour défendre la profession-, ils vont tenter de le chaparder dans les entreprises, en faussant les négociations. C’est aussi simple que ça. S’il n’a pas été signé par le SNJ, au motif qu’il évoquait la collaboration à des « produits communs » non définis, l’accord du Dauphiné Libéré, le seul accord récent existant au sein du groupe Ebra, n’autorise pas non plus la grande lessive des contenus rédactionnels, et la mise en concurrence des journaux. Ceux qui prétendent le contraire mentent, pour servir les intérêts du lobby mutuel.

Il y a quelques jours, les rédactions des quotidiens Nice-Matin, Var-Matin et La Provence (Groupe Hersant Médias) se sont positionnées contre les échanges d’articles entre les trois titres, « au mépris des accords existants ». Le contexte est le même chez nous. Rien n’autorise cette « mutualisation », basée sur des pseudos-accords entre les directions des journaux, invités à se « piller » mutuellement. Premier syndicat de la profession, le SNJ est fermement opposé à cette logique, qui consiste à développer les synergies, non pas pour améliorer les contenus mais les multiplier, tout en continuant à réduire les effectifs des équipes rédactionnelles, au détriment de l’emploi. Il appelle tous les confrères à s’opposer à cette politique de la malbouffe rédactionnelle.
 

Lyon
Mercredi 29 avril 2009
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