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Egalité femmes-hommes : on en est loin !

Egalité femmes-hommes : on en est loin !

Par la magie de l’édito du 6 mars, Ouest-France se trouve propulsé à la pointe du combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Le rédacteur en chef du journal le plus féministe du pays l’assure à la une : « A Ouest-France, nous entendons regarder cette réalité en face et nous nous engageons à corriger ce qui doit l’être. » Et « bien évidemment, ajoute-t-il, nous entendons veiller à l’équilibre femmes-hommes au sein de notre rédaction (45% des journalistes d’Ouest-France sont des femmes) ».

Donner la parole aux femmes autant qu’aux hommes dans nos colonnes, voilà une excellente résolution. Bannir les traitements sexistes et discriminatoires : on n’en attend pas moins d’un journal qui clame haut et fort ses valeurs humanistes. Pour ce qui est de l’équilibre et de l’égalité au sein de la rédaction, en revanche, le compte n’y est pas. Loin s’en faut.

A ce jour, on ne compte que trois femmes au sein de la rédaction en chef d’une quinzaine de membres. On s’abstiendra, par charité, d’évoquer la représentation des femmes à la direction générale de l’entreprise et à la tête du groupe Sipa. Quant au conseil de surveillance d’Ouest-France, son président et son vice-président sont des hommes.

Au bilan social 2018, l’écart entre la rémunération moyenne mensuelle des journalistes femmes et celle des hommes atteint 1071€, pour les CDI à temps complet. Les femmes ont gagné, en moyenne, 24 % de moins que les hommes. On vous laisse calculer ce que ça représente sur une année et sur une carrière entière. Sans compter les conséquences sur les pensions de retraite. Autre donnée tirée du même bilan social :  parmi la grosse soixantaine de  journalistes ayant un échelon supérieur ou égal à 180, c’est-à-dire le haut de l’échelle, on ne dénombre que 14% de femmes pour 86% d’hommes. Le fameux plafond de verre tient bon.

Si cette scandaleuse inégalité persiste, ce n’est pas faute d’avoir alerté, année après année. Tous les trois ans, un accord d’entreprise est signé dans lequel la direction promet l’égalité. Et tous les trois ans, on constate que rien ne change. Ou si peu.

Alors, bravo pour cette volonté de défendre l’égalité dans nos pages. C’est important.

Mais la rédaction en chef ne s’achètera pas une bonne conscience féministe à si bon compte. Nous attendons qu’elle montre une sincère détermination à promouvoir aussi l’égalité au sein de la rédaction qu’elle dirige.

 

Rennes
Dimanche 8 mars 2020
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