Section Rhône

Le Progrès

Encore une page et demi de lobbying dans nos colonnes !

Encore une page et demi de lobbying dans nos colonnes !

« Comme on l’a fait pour La Poste, on fout la pression [sur le gouvernement]. La Poste avait craqué ». Interrogé sur le sujet en CSE, le Pdg assume, sans sourciller, d’avoir utilisé à deux reprises les colonnes du Progrès comme outil de lobbying depuis le début de la pandémie. Pour le SNJ, prendre le lecteur à témoin - pour ne pas dire en otage - est en train de devenir une bien mauvaise habitude...

 


Le 27 mars, au plus fort de l’anxiété collective face au Covid-19, le groupe Ebra avait osé titrer que « La Poste vous prive de journal » trois jours par semaine. Du jamais vu depuis la Libération, indiquait-on à nos lecteurs, sous la forme d’un article “classique”, se faisant le relai d’une pétition de la rédactrice en chef de La Montagne et des propos de l’Alliance de la presse d’information générale, à laquelle appartient le Progrès. A l’époque, au moins, on donnait un peu la parole à La Poste dans le contenu.

Ce mercredi 26 mai, contre l’exécutif, le Progrès a dégainé un édito garanti sans contradictoire. Pas une référence à l’actionnaire du journal, le Crédit Mutuel, et à ses 3,6 milliards d’euros de bénéfices annuels, qui pourraient largement nous aider à surmonter la crise économique mondiale qui débute. Non, « notre équilibre économique est un enjeu démocratique », co-signent notamment le Pdg et le rédacteur en chef Xavier Antoyé. Comprenez, entre les lignes, que l’Etat n’est pas au rendez-vous. Pour le chômage partiel démesuré appliqué au Progrès, c’est pourtant bien lui qui paie l’addition, et donc nos chers lecteurs contribuables... Les lamentations épistolaires de l’Alliance de la presse d’information générale ont été relayées le même jour dans nos colonnes. Une page et demi, donc, pour expliquer qu’il y a urgence à instaurer un taux zéro de TVA pour la presse, entre autres dispositifs.

Mais où est donc passé « le respect du pluralisme des idées », tant vanté dans l’édito orienté de notre rédaction en chef ? S’imagine-t-on être le relais des idées de n’importe quelle autre organisation, sans les mettre en perspective ? A quand la lettre du Medef, en pleine page, dans notre journal, pour nous apporter sa recette miracle pour faire face à la récession ? Les organisations syndicales de salariés auront-elles aussi droit à une tribune dans nos colonnes ?

En coulisses, le Pdg a « personnellement écrit à tous les députés et sénateurs de la région. Les retours commencent à arriver. A minima, ils disent : “On comprend”. D’autres sont en train de réfléchir à des amendements, d’interpeller le gouvernement », a par ailleurs affirmé Pierre Fanneau.

« C’est la première fois qu’on le fait (...) J’essaie de tout faire pour renforcer la pérennité de l’entreprise », a justifié en CSE Pierre Fanneau. Sans autre forme de regret. « Je n’ai jamais vu un ministre de la Culture qui en ait, à ce point, rien à foutre de la presse et des médias », a-t-il poursuivi. Un ministre qui fixe par décret des droits pour les pigistes, et n’envisage pas d’ouvrir le robinet à millions sans exiger de contreparties, quel scandale ! Le SNJ estime que les aides à la presse doivent être conditionnées à des exigences sociales et éthiques, pour éviter le scénario déjà connu du financement de suppressions d’emplois par l’argent public.

 

 

 

 

Lyon
Mercredi 3 juin 2020
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