Convoquée ce vendredi 17 janvier au tribunal de Paris par une juge spécialisée dans la lutte antiterroriste, la journaliste Ariane Lavrilleux est ressortie de ses trois heures d’audition sous le simple statut de témoin assisté. « C’est une victoire du droit d’informer car la magistrate a considéré qu’il n’y avait pas matière à poursuites, a expliqué son avocat, Me Christophe Bigot. Face au secret défense, qui est assez brutal, la juge a contrôlé les motivations du ministère de la Défense. Cela rappelle qu'il existe un intérêt public, un droit de savoir du citoyen sur des sujets que l'armée classe secret défense ». Pour n’avoir fait que son travail en contribuant à révéler une coopération militaire secrète de la France en Égypte, baptisée « Opération Sirli », qui s’est rendue complice de l’exécution de centaines de civils égyptiens, la journaliste de Disclose risquait une mise en examen pour « appropriation et divulgation d’un secret de la défense nationale ».
Dans sa réaction à la sortie du tribunal, Ariane Lavrilleux a souligné l’importance qu’a eu la mobilisation autour de cette affaire qui remet en cause la protection du secret des sources des journalistes. Le SNJ fait partie des organisations qui avaient appelé à manifester à l’occasion de l’audition.
Afin de renforcer la loi de 2010 sur la protection du secret des sources, le SNJ a également rédigé avec Disclose, le Fonds pour une presse libre, Reporters sans frontières et Sherpa une lettre ouverte au gouvernement cosignée par 110 médias et organisations qui se sont mis d’accord sur cinq propositions d’évolution de la législation actuelle.