MOTION - 140 journalistes tués au Proche-Orient : halte au massacre ciblé
Au moins 140 journalistes ont été tués au Proche-Orient depuis un an… Ce chiffre vertigineux, terrible et inédit, témoigne que la guerre d’Israël contre Gaza – qui s’étend contre le Liban depuis ces dernières semaines – est aussi une guerre contre l’information et la liberté de la presse.
Les journalistes palestiniens paient le prix fort. Plus de 130 d’entre eux ont été tués depuis un an. Celles et ceux qui survivent sont confrontés à la destruction totale de leurs locaux, soumis à des black out réguliers (Internet, électricité), menacés directement par texto par l’armée israélienne. L’absence de confrères et consœurs internationaux, interdits d’accès par l’armée d’occupation, les rend encore plus vulnérables et les met en danger à chaque instant. Au Liban, les journalistes sont eux aussi ciblés et menacés. Depuis un an, plusieurs d’entre eux ont aussi été tués ou blessés.
La guerre menée contre l’information au Proche-Orient se décline aussi en France. Trop souvent, dans les médias, c’est la propagande du gouvernement israélien qui a pu tenir lieu d’information : adoption de la terminologie de l’armée et des autorités israéliennes, déshumanisation des civils palestiniens, invisibilisation des journalistes de Gaza et des contenus qu’ils produisent, quasi impossibilité de fournir du contexte historique, invitation sur les plateaux de soi-disant experts soutenant ouvertement les actions militaires en cours...
Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, invite les journalistes à se montrer vigilants sur le respect des règles déontologiques concernant le traitement de l’information sur la guerre à Gaza et au Liban et aux crimes de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés. Nous rappelons que notre boussole est la charte d’éthique professionnelle des journalistes, qui affirme entre autre que « le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte ». Dans cette guerre, « situer dans son contexte » est une nécessité absolue.
Réuni en congrès à Nancy du 16 au 18 octobre 2024, le SNJ rend hommage à tous les journalistes tués depuis le début de la guerre et salue le travail des consœurs et confrères palestiniens et libanais qui continuent d’exercer au péril de leur vie. Le SNJ salue également celles et ceux qui, en Israël, tentent de déjouer les logiques de désinformation.
Nous exigeons que les médias étrangers soient autorisés à entrer à Gaza. Le gouvernement français doit agir immédiatement et publiquement en ce sens. Le SNJ, membre fondateur de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), en coordination avec cette dernière, invite toutes les rédactions à témoigner concrètement (entre autres par des messages de soutien ou des participations aux collectes) de leur solidarité avec ces journalistes.