MOTION - Défendre le journalisme, c’est aussi protéger et soutenir ceux qui l’enseignent
Le Syndicat National des Journalistes a cette conviction depuis toujours : le journalisme ça s’apprend, et si la profession doit rester ouverte, elle doit soutenir et reconnaître des organismes de formation qui répondent aux attendus de la profession.
La Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes (CPNEJ) fonctionne dans un cadre mixte (représentants des salariés et des employeurs) depuis près de cinquante ans. Elle a contribué, via des critères objectifs et un référentiel pédagogique exigeant, à la reconnaissance de 15 cursus de formation au journalisme (le dernier, le master de Cergy-Gennevilliers, en mars 2025).
Ces formations restent évidemment imparfaites et doivent toujours s’adapter aux demandes de la profession et de la jeunesse. La CPNEJ travaille constamment avec elles pour améliorer leur recrutement et leur enseignement. Des efforts considérables ont été réalisés pour favoriser la diversité et une meilleure représentation de la population au sein de la profession. Les intervenants professionnels proviennent de l’ensemble du secteur.
Et contrairement aux fake news parfois propagées ici ou là, les diplômés de ces formations reconnues exercent dans toutes les formes de presse, et dans tous types de rédactions, du Figaro à l’Humanité en passant par Ouest-France, France Inter, BFM-TV ou Le Point. C’est l’ensemble des médias français qui bénéficie de l’exigence et de la qualité de ces cursus.
Le Syndicat National des Journalistes, réuni en comité national à Paris ce samedi 29 mars, réaffirme son soutien à ces formations qui œuvrent pour doter nos futurs confrères et consœurs des connaissances intellectuelles, déontologiques et techniques indispensables à l’exercice du métier. Cette exigence et cette qualité ont un coût par étudiant parmi les plus élevés de l’enseignement supérieur. Les formations reconnues rencontrent des problèmes récurrents de financement, encore récemment avec la réforme des aides à l’apprentissage. Nous exigeons qu’une réflexion s’engage pour que le ministère de la Culture apporte, en marge des aides publiques à la presse, un soutien financier aux formations reconnues au journalisme : défendre le journalisme et la liberté d’informer passe aussi par le soutien à son enseignement.
En revanche, le SNJ s’oppose au rachat d’établissements d’enseignement du journalisme par des patrons de presse. L’exemple de l’ESJ Paris est extrêmement inquiétant. Au-delà de la tentation pour certains milliardaires de s'affranchir des règles et de contourner le paritarisme, la question de l’indépendance des formations et des enseignements est posée. Nous saluons la réaction des 650 étudiants en journalisme, qui ont appelé en janvier dernier “toutes les institutions médiatiques à s’unir pour défendre une information libre et une formation journalistique intègre”.
Le SNJ s’alarme néanmoins des difficultés persistantes auxquelles sont confrontés les jeunes diplômés en journalisme dans les rédactions. Si elles sont essentiellement liées aux problèmes (économiques et managériaux) structurels de la presse, nous constatons que les plus jeunes et les plus précaires sont souvent les moins bien informés sur leurs droits. Nous souhaitons qu’au cours des deux ou trois années de formation, les liens avec le monde professionnel soient renforcés, à travers davantage de rencontres avec les syndicats, les employeurs, et les équipes de la CCIJP (la commission de la carte de presse).
Nous revendiquons également que les entreprises de presse qui emploient des étudiants en alternance garantissent à ces derniers un apprentissage digne de ce nom. Pour ce faire, nous demandons que les rédactions soient soumises à des obligations de formation des tuteurs, et que soit fixé un seuil maximal d’alternants (par exemple, pas plus de 5% des effectifs dans les rédactions de plus de 100 journalistes).