[MOTION] Face aux empires médiatiques, préserver l'information et son indépendance

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“La valse des milliardaires”: c'est ainsi que les représentants du personnel d'Altice Média (BFM-TV, RMC...) ont qualifié l'offre de rachat de leur entreprise par la CMA-CGM, le groupe dirigé par Rodolphe Saadé. 

Réuni en comité national à Paris, ce samedi 16 mars, le Syndicat National des Journalistes (SNJ, première organisation de la profession) apporte tout son soutien aux salariés du groupe Altice Média, actuellement détenu par l'homme d'affaires Patrick Drahi. 

Le SNJ exige que le maintien des effectifs de l'entreprise, qui compte plus de 900 journalistes, et de ses accords d'entreprise soient garantis par le futur actionnaire. Aucun journaliste du groupe ne doit être exclu du dispositif de clause de cession. 

Déjà propriétaire de plusieurs titres de presse écrite (La Provence, Corse Matin, La Tribune...), et actionnaire minoritaire de M6 et Brut, le groupe de Rodolphe Saadé élargit son influence sur les médias avec l'acquisition d'acteurs majeurs de l'audiovisuel privé. L'assemblage d'un nouvel empire médiatique, détenu par un milliardaire, pose à nouveau la question de la concentration des médias.  

Parce que nous considérons l'information comme un bien public, la presse, sous toutes ses formes, n'est pas un secteur d'activité comme les autres. Elle  doit bénéficier de protections particulières, afin de garantir à chacun l'accès à une information libre, pluraliste et indépendante. 

Il y a urgence à revoir la loi sur la concentration des médias, comme le réclame le SNJ depuis plus de dix ans et comme viennent de le rappeler les Etats Généraux de la Presse Indépendante (EGPI). 

Pour rendre cette loi plus efficace, et qu'elle joue réellement son rôle de “garde-fou” des empires médiatiques, il faut notamment: 

- renforcer, en les abaissant, les seuils de concentration des médias;

- revoir les modes de calcul de ces seuils (intégration de l'ensemble des supports papiers et numériques, suppression du critère de périodicité); 

- appliquer ces nouveaux seuils au niveau national mais aussi au niveau régional; 

- prendre en compte la concentration horizontale (nombre de médias détenus) mais aussi verticale (incluant les activités en amont et en aval de la production/diffusion d'information). 

Par ailleurs, il est nécessaire de préserver les rédactions de tout risque d'ingérence, voire de censure, lié à leurs propriétaires. 

Le SNJ propose donc de doter l’équipe rédactionnelle de chaque média d’une personnalité juridique, qui lui confère un droit d’opposition en matière éditoriale lorsque son indépendance est mise en cause par un actionnaire, par la direction ou par un annonceur. Ce droit collectif complète les droits individuels des journalistes : clause de conscience, de cession.  

L'hyperconcentration des médias est un fléau social et démocratique. 

Paris
Samedi 16 mars 2024
Accès pour tous