Résolution finale
Réuni en congrès à Sète, le SNJ, premier syndicat de la profession, constate qu'aucun texte de loi issu des Etats généraux de l'information (EGI) n'est venu répondre aux exigences cruciales de la profession : lutte contre la concentration des médias et la paupérisation des journalistes, pour l'indépendance des rédactions... Dès 2023, le SNJ avait déjà émis les doutes les plus importants quant à l'issue des EGI, voulus par Emmanuel Macron.
Ce retard illustre bien l'absence d'intérêt de la ministre de la Culture, Rachida Dati, pour une profession en danger, pilier de la démocratie. Une négligence qui ne change pas au gré des gouvernements successifs. Il est essentiel que le projet de loi présenté par la ministre mette fin aux dérives anti-sociales des dirigeants de médias.
Un silence assourdissant alors que les plans sociaux se multiplient et que l'intelligence artificielle générative (IAG) apparaît comme la nouvelle solution anti-sociale des patrons, au risque de multiplier des journaux sans journalistes. Le SNJ appelle les parlementaires à légiférer sans tarder pour que les journalistes gardent la main et leurs droits sur leur production. Les chartes sur l'IAG ne suffiront pas à préserver une information de qualité. La transparence absolue quant à l'utilisation de l'IAG doit être la norme vis-à-vis des représentants du personnel, des journalistes et des lecteurs.
Le SNJ, membre fondateur de l'union syndicale Solidaires, continuera de se mobiliser pour les conditions de travail et les droits des salariés, notamment en combattant la politique budgétaire et les choix de société voulus par le président Macron et ses éphémères premiers ministres successifs.
En cette période politique troublée et alors que des échéances électorales d'importance se profilent, le SNJ appelle l'ensemble des acteurs politiques à respecter les journalistes et leur indépendance. Les représailles sous forme de refus d'accréditation, les doigts d'honneur, les menaces ou les insultes sont autant de remises en cause de la liberté de la presse. Le SNJ réaffirme qu'aucun élu ou parti politique ne doit se sentir autorisé à sélectionner, trier ou dénigrer les professionnels de l'information qui vont couvrir son actualité.
Le Syndicat national des journalistes exprime sa solidarité et son soutien aux confrères du journal France-Guyane, victimes de menaces ignobles sur les réseaux sociaux. À la suite de la publication d'un article sur des narcotrafiquants, un internaute a appelé "à faire une Charlie Hebdo" au sein de la rédaction. Les auteurs de ces intimidations odieuses, qui visent à faire taire les journalistes, doivent être poursuivis et condamnés.
Le SNJ apporte son soutien aux journalistes de La Lettre qui sont victimes d'une procédure bâillon orchestrée par La Monnaie de Paris au prétexte d'une violation du secret des affaires. Le SNJ exige la mise en place de dispositifs prévenant et sanctionnant l'usage de procédures-bâillons.
Le SNJ s'alarme des nombreuses intimidations et menaces dont sont victimes les journalistes qui enquêtent sur des personnalités du monde économique ou politique. Dernier exemple en date : le milliardaire Pierre-Édouard Stérin a exposé volontairement notre camarade Thomas Lemahieu, reporter à L'Humanité, en donnant à sa société de tête, le nom de Lemahieu holding.
Les militants du SNJ apportent leur total soutien aux équipes du journal Le Parisien, qui sont victimes d'un chantage odieux de la part de leur actionnaire, LVMH. Soit elles subissent un plan social dramatique, soit elles sont vendues à une société de Vincent Bolloré.
Le SNJ se tient aux côtés des salariés de 60 millions de consommateurs, dont la pérennité est mise à mal par le projet de budget du gouvernement. Celui-ci prévoit la liquidation, d’ici à mars 2026, de l’Institut national de la consommation (INC), éditeur depuis 1970 du magazine 60 millions de consommateurs. Ce magazine assure une mission essentielle d'intérêt public en produisant, analysant et diffusant des informations sur la consommation.
Le congrès réitère son soutien aux journalistes de la chaîne paneuropéenne Euronews qui, après le plan social de 200 licenciements, est en train de subir une implantation massive de l’IAG. Euronews a été le premier média qui a testé l’utilisation de la traduction automatique dans toutes les langues de la chaîne. Aujourd’hui, la direction pousse pour la publication automatique de ces traductions par un outil IAG sans relecture par des humains, ainsi que l’utilisation de l’IA-voicing qui menacent clairement la rigueur de l'information, l’avenir des journalistes, la crédibilité du média et toute déontologie.
Le SNJ exige toujours une enquête internationale sur la mort en reportage du photojournaliste Antoni Lallican, le 3 octobre en Ukraine.
Au cours de ce 107e congrès, les militants du SNJ se sont rassemblés pour une action de soutien à Christophe Gleizes, leur confrère injustement condamné et emprisonné en Algérie. Ils exigent sa libération immédiate.
Le SNJ apporte son soutien à son confrère italien Sigfrido Ranucci, animateur d’une émission d’investigation sur la RAI, dont la voiture a été plastiquée devant son domicile dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 octobre, mettant en danger sa vie et celle de sa famille.
Membre fondateur de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) en 1926, le SNJ co-organise le congrès centenaire de la FIJ du 4 au 7 mai 2026 à Paris afin de célébrer un siècle de solidarité internationale pour un journalisme et un syndicalisme de combat. La FIJ représente 600 000 journalistes dans 148 pays. Le SNJ appelle ses sections et comités régionaux à apporter leur aide humaine et financière à cet événement. Il appelle également les soutiens de la liberté de la presse à contribuer à ce congrès historique et à fêter ce centenaire.
Lors de ce congrès électif de Sète, le SNJ a renouvelé ses instances en élisant un nouveau bureau national pour deux ans. Composé de 15 militantes et 15 militants, ce bureau a désigné une collégialité de cinq secrétaires généraux : Agnès Briançon-Marjollet (Le Dauphiné Libéré), Alexandre Buisine (Nouveau Lyon), Antoine Chuzeville (France Télévisions), Julien Fleury (Radio France) et Vanessa Ripoche (Ouest France).
Le SNJ a réélu à sa tête Agnès Briançon-Marjollet et Antoine Chuzeville, toujours en binôme.
Le 108e congrès du SNJ est prévu en octobre 2026 à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône).


