Réunion 1re : la réciproque des Shadocks
« Quand on ne sait pas où l’on va, il faut y aller, et le plus vite possible ». Les devises des personnages de Jacques Rouxel seraient-elles devenues le mode de fonctionnement de nos têtes-pensantes ? En ces temps de pandémie, réagir rapidement est – certes - plutôt souhaitable. La mise en sécurité des personnels ne peut souffrir aucun délai, le SNJ y adhère pleinement. Mais si certaines expérimentations « bord-cadres » peuvent être éventuellement tolérées dans ce contexte inédit (par exemple les difficiles conditions de réalisation des reportages, les modifications de grilles, les palliatifs en matière de diffusion, l'utilisation du logiciel zoom en crossmedia radio-télé) il en est une qui ne passe pas, c’est l’indéfendable suppression de la conférence de rédaction télé du matin. Elle s’est faite en catimini, selon la méthode du fait accompli, et avec des arguments ô combien fallacieux. En période de distanciation physique obligée, elle ne peut se tenir en « présentiel ». Soit. Mais alors pourquoi ne pas utiliser la méthode de téléconférence (le nom est amusant) qui a été -provisoirement- adoptée en radio ? Le Directeur Régional de Réunion La1ère se félicite qu’elle y permette des échanges « dynamiques ». Les échanges entre confrères et consœurs de la télé, nous laisse-t-il comprendre, étaient au contraire devenus un peu trop «dynamiques» à son goût. Face à celui-ci, fondateur, les autres arguments avancés ont un sévère goût de prétexte.
- Ça permet d’avoir des journalistes sur le terrain plus tôt et de rentrer les sujets pour l’édition de la mi-journée. Dans un fonctionnement normal, depuis des années, un sujet qui doit se tourner tôt est anticipé et les journalistes qui le traitent sont dispensés de conférence. Argument rejeté.
- On va trouver une autre forme de conférence, à une autre heure. Vues les récentes expériences de réunions en après-midi, permettez-nous de douter de la pérennité de la nouvelle formule.
- Quand ils ont fait une heure de bouchons, les gens arrivent forcément énervés. Peut-être un peu, oui, mais certainement pas au point de ne plus vouloir voir leurs collègues pour échanger, partager des points de vue, débattre de la ligne éditoriale, ou débriefer les sujets et les JT de la veille.
Cette absence de rendez-vous collégial va très vite poser un problème de délimitation des vacations. Faudra-t-il seulement venir à la station à l’heure nécessaire pour prendre du matériel et se rendre dans les temps sur son lieu de tournage ? Est-ce, en même temps, l’avènement du célèbre «fini-parti» ? Sur qui tombera le sujet institutionnel dont personne ne rêve (au hasard, l’assemblée plénière de 9h au Conseil Régional) et qui, vu son horaire, ne permettra pas aux «gagnants» de la distribution d’échapper aux bouchons en question ? Privés de ce moment de vérité qu’est leur conférence, comment se défendront les rédacteurs ou JRI qui ne pourront gentiment expliquer à leurs collègues que non, là, ils ont déjà donné ? Eh oui… c’est un autre principe Shadock : « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes ».
Le SNJ interpelle donc la direction de l’Information outremer et la direction de l’information nationale et leur demande de rapidement faire revenir à la raison Direction et Rédaction en Chef de Réunion La1ère. A La Réunion comme ailleurs, hors de question que l’information cesse d’être discutée. La plus célèbre formule des Shadocks, c’est sans doute : « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème ». Il n’est pas concevable d’inventer cette improbable réciproque : « Pour qu’il n’y ait pas de problème, supprimons la solution ».