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Risques psychosociaux : Radio France veut enterrer notre parole

Risques psychosociaux : Radio France veut enterrer notre parole

Un rapport sévère

Le rapport d'expertise du cabinet Isast a été présenté aux élus et à la direction lors du CSE Sud Méditerranée de juin. Il est issu d'un questionnaire, complété par des entretiens téléphoniques avec des salariés et des médecins du travail. 

Le taux de réponse est énorme (entre 70 et 80%), les verbatim montrent la détresse des salariés. Les nombreux problèmes constatés sont surtout concentrés dans 4 des 8 stations de la délégation. Pour l'une des locales les voyants sont globalement au vert montrant, par là-même, que lorsque l'encadrement va, beaucoup de choses vont mieux.

Les répondants dénoncent : surcharge de travail, stress important, manque de reconnaissance ou d'écoute, marginalisation, violences verbales, violences physiques, agressions à caractère sexuel, sexisme. Globalement, les salariés regrettent une déconnexion entre Paris et les locales en terme de cohérence des décisions et d’organisation du travail.
 

La réponse de la direction

Nous pensions que la direction, suivant les prises de parole publiques de la Pdg Sibyle Veil et de la responsable des ressources humaines Catherine Chavanier, allait s'investir pleinement dans la recherche rapide de solutions. C'est dire si le plan présenté par la DRH et la direction de Bleu, au CSE de juillet, nous a fait tomber de haut…

Face aux abus, aux mal-être, aux "boules au ventre", aux harcèlements dénoncés avec précision par les salariés, elle a choisi d'enterrer le rapport, de le nier. D'abord en demandant que les verbatim (qui ont permis de libérer la parole) et joints au rapport soient modifiés avant l'envoi à tous les personnels de la délégation, puis en annonçant qu'elle allait commander un nouveau "diagnostic" à un autre cabinet. Manière de signifier aux salariés qu'elle veut enfouir profondément les problèmes et qu'officiellement leur parole et le travail d'Isast sont remis en cause.

D'ici là elle propose de traiter les situations connues, "à court terme", en réunion des représentants de proximité avec les directeurs, qui déjà, comme la direction, remettent en cause l'enquête en parlant de salariés "qui se sont lâchés comme sur les réseaux sociaux en profitant de l'anonymat". Ce genre d'attitude fait clairement partie du problème.
 

Tout faire pour que ça ne sorte pas…

Rappelons que la direction de Radio France – consciente des probables résultats – est allée jusqu’à attaquer les élus de différents CSE en justice pour éviter que des enquêtes comme celle de Sud Méditerranée se déroulent, en utilisant contre les salariés, au tribunal, des entretiens annuels.

Après avoir perdu, elle a feint d'accepter enfin de se pencher sur le profond mal-être présent dans nombre de stations. La direction nous a tous, donc, menés en bateau.

La confiance est ce qu'il y a de plus difficile à construire et à reconstruire.

Paris
Mercredi 15 juillet 2020
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