Sortons de l’indifférence, parlons en France des dizaines de journalistes palestiniens tués à Gaza
89 morts, 89 journalistes et professionnels des médias palestiniens tués à Gaza depuis le déclenchement de la guerre suite à l'attaque meurtrière du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre dernier, selon le dernier décompte terrible de l a Fédération internationale des journalistes (FIJ), publié le 15 janvier 2024 . Pour chaque consœur et confrère, la FIJ indique lieu, date et circonstances de la mort dans une chronique quotidiennement remise à jour. (Le lien vers le site de la FIJ : )
Dans ce triste bilan qui ne cesse de s’alourdir depuis le 7 octobre, nous n’oublions pas les quatre journalistes et professionnels israéliens et les trois journalistes libanais tués, portant le total à 96 morts, au moins, dans le cadre du conflit à Gaza.
De ces 96 journalistes et professionnels des médias, nous ne savons presque rien. Beaucoup de médias français n'en parlent même pas alors qu'il s'agit de confrères et consœurs qui ont continué d’informer, au péril de leur vie, depuis le 7 octobre, alors que la presse internationale ne peut toujours pas entrer à Gaza.
Pourtant, cette hécatombe est effrayante et sans précédent : comme le rappelle la FIJ, près de 70% des journalistes tués dans le monde en 2023 ont été tués dans le cadre du conflit à Gaza. C'est la première fois qu'un Etat est directement responsable de la mort d’autant de journalistes puisque nombre d'entre eux ont été délibérément ciblés. Les journalistes palestiniens sont en première ligne.
Le 7 décembre dernier, sous l'impulsion notamment des syndicats de journalistes français et de la FIJ, une journée de mobilisation a été organisée à Paris pour rappeler leur sacrifice et afficher la solidarité avec nos confrères et consœurs à Gaza. Nasser Abu Bakr, Président du le Syndicat des journalistes palestiniens (PJS), a pu rencontrer des sénateurs, de nombreux confrères et des citoyens lors d'un meeting public. Si les journalistes palestiniens « arrêtent, qui racontera et documentera les crimes de masse et le nettoyage ethnique que subit notre peuple ? Israël veut tuer les journalistes, qui sont les témoins de ses crimes » , a exhorté dans Mediapart Nasser Abou Bakr.
Il est inacceptable que l'armée israélienne puisse cibler des journalistes dans le cadre de ce conflit, comme cela été documenté par l'Agence France Presse et un collectif d'experts indépendants concernant le tir d'obus contre des journalistes de Reuters, la chaîne Al-Jazira et l’AFP dans le sud du Liban, le 13 octobre dernier, tuant le journaliste libanais Issam Abdallah. De nombreux autres cas ont été listés qui devraient faire l'objet de recours devant la Cour Pénale Internationale (CPI) de La Haye.
Le 2 novembre dernier, le bureau de l'AFP a été bombardé par l'armée israélienne, ne faisant heureusement aucune victime. Ce 17 janvier 2023, les journalistes de l'AFP ont manifesté au siège de l'agence à Paris pour demander aux autorités israéliennes d’assurer la sécurité de leurs collègues à Gaza, et de les autoriser à quitter le territoire pour se mettre à l’abri. De nombreux journalistes palestiniens collaborent avec des médias français tel le journaliste Roshdi Sarraj, 31 ans, qui a été tué par une frappe israélienne, dimanche 22 octobre près de son domicile de Tal al-Hawa, un quartier de la ville de Gaza. Photographe, vidéaste et documentariste pour des chaînes étrangères et des ONG, Roshdi Sarraj était aussi "fixeur" pour de nombreux médias français, dont Ouest-France.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, exige que la presse internationale puisse entrer à Gaza pour couvrir la guerre entre Israël et le Hamas. Le SNJ appelle les journalistes de toutes les rédactions de France à ne pas oublier le rôle particulier de leurs confrères et consœurs qui travaillent au Proche-Orient, au péril de leurs vies, ainsi qu’à se mobiliser dans les manifestations en soutien à ces journalistes.