Trois pas en arrière, un (petit) pas en avant…
C’était bien le moment d’ajouter de la tension au stress, dans le contexte de l’activité partielle qui s’installe durablement dans l’ensemble des services de tous les titres du groupe EBRA. La levée de boucliers a eu le mérite de calmer les ardeurs de la direction du pôle presse du Crédit Mutuel, qui n’a rien trouvé de pire que le nivellement par le bas, au nom de l’équité entre les arrêts garde d’enfant, les arrêts maladie et le chômage technique.
Cette idée lumineuse, destinée à limiter les effets de la crise sur les comptes d’exploitation des journaux, sur le dos des salariés et de la collectivité, c’était de mettre tout le monde au régime de l’indemnité de chômage partiel (84% du net), y compris les arrêts garde d’enfants déjà posés en mars, ainsi que les arrêts maladie Covid-19 ou pas, au mépris des accords d’entreprise et de la convention collective des journalistes qui prévoient le maintien de salaire à 100% en cas d’arrêt maladie.
Finalement, alors que nombre d’entreprises, y compris dans la presse, ont fait le choix d’un alignement par le haut, en complétant les salaires à 100% dans le cadre de l’activité partielle, le groupe EBRA a décidé :
► de maintenir à 100% la rémunération des salariés dans le cadre des arrêts garde d’enfants posés en mars, et des arrêts maladie (simple application des accords d’entreprise et de la convention collective des journalistes qui prévoient le maintien de salaire à 100% en cas d’arrêt maladie) ;
► de ne plus accepter les renouvellements ou nouveaux arrêts garde d’enfants à partir du 1er avril, dès lors que le service est concerné par l’activité partielle (donc tous les services ?), pour basculer les salariés demandeurs au chômage technique (84% du net) ;
► de maintenir à 100% la rémunération des salariés dont la rémunération mensuelle brute ne dépasse pas 2500€ dans le cadre de l’activité partielle (pour les autres, ça restera 84% du net) ;
► de « valoriser l’exposition des salariés sur le terrain », « au plus tard en septembre » (prime Covid-19 ?).
Espérons que ces « trois mesures sociales et économiques » n’altéreront pas trop les 3,6 milliards d’euros de bénéfices annuels du Crédit Mutuel.
On aura compris à travers cet épisode que le chômage partiel, indemnisé à 100% par l’Etat (ce qui n’est pas le cas des arrêts maladie) est une aubaine pour les employeurs, au détriment des comptes publics, dans un contexte d’état d’urgence sanitaire qui leur donne presque les pleins pouvoirs. Encore faut-il que le déclenchement de l’activité partielle soit en rapport avec la baisse d’activité réelle des services et des rédactions, et pas seulement avec la chute des recettes liées à l’effondrement des ventes et de la publicité…
Sans nier la gravité de la situation économique, et les très fortes incertitudes qui pèsent sur les mois à venir, alors que la direction du groupe EBRA semble être soudainement revenue à de moins pires intentions, le SNJ saura rappeler en temps voulu les engagements pris ce vendredi. Les équipes mobilisées comme jamais, dans des conditions exceptionnelles, n’avaient pas besoin de ces tâtonnements démobilisateurs. Sans geste de reconnaissance, les conseils de méditation prodigués par la DRH groupe ne suffiront pas.