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Communiqués de presse

Lettre ouverte au président de la République

Afghanistan : "Il est plus qu'urgent, Monsieur le Président, d'agir pour toutes celles et ceux qui attendent"

 

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, vient d'envoyer un courrier au président Macron, lui demandant d'accélérer l'obtention de visas aux Afghanes et Afghans en détresse absolue. Emmanuel Macron doit tenir sa promesse faite il y a deux ans, à l'arrivée des talibans au pouvoir en Afghanistan. Le SNJ décide de rendre cette lettre ouverte.

 

 


 

 

Monsieur le Président,

Deux ans, deux années déjà, que, sombre anniversaire, le 15 août 2021, les talibans se sont rendus maîtres de Kaboul. 

 

Dès le 16 août 2021, vous vous engagiez à être aux côtés des « nombreux Afghans, défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants, aujourd’hui menacés en raison de leur engagement » : « Nous les aiderons, déclariez-vous, parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de celles et ceux qui partagent nos valeurs, autant que nous pourrons le faire. » 

Les efforts de la France ont permis à de nombreuses Afghanes et Afghans en danger de quitter Kaboul dans les jours et mois qui ont suivi.

 

De son côté, le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, a constitué en son sein, dès la mi-août 2021, en lien avec la Fédération internationale des journalistes (FIJ), un groupe dédié à l’aide à apporter à ses consœurs et confrères menacé-e-s, à appuyer leur demande d'évacuation.

Et depuis deux ans, le SNJ n'a cessé de faire lien avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et les ambassades des pays tiers. Rencontres, échanges de listes et de mails se sont succédé sans relâche. Nos interlocuteurs se sont toujours montrés attentifs, dans le dialogue.

 

Les Nations Unies et d'autres organisations le confirment dans un rapport publié le 17 juillet dernier: « Coups de fouet publics, détentions de journalistes, assassinats d'anciens membres des forces de sécurité nationales afghanes, nouvelles restrictions des droits sociaux et économiques des femmes… » La situation des droits humains continue de se dégrader. 

 

C'est ainsi que le 7 janvier dernier, notre confrère franco-afghan Mortaza Behboudi, envoyé en reportage par plusieurs médias français, a été arrêté par les talibans. Malgré tous les efforts déployés, il reste en détention. Alors que les charges contre lui restent à ce jour inconnues...

 

 

Des réponses qui tardent

 

Au fil des mois, la situation des journalistes ayant quitté le pays et en attente dans les pays voisins - Iran et Pakistan principalement - est devenue, elle aussi, de plus en plus alarmante.

 

A l'automne dernier, nous en avions fait part au Quai d'Orsay, lequel avait fait valoir, alors, que "des difficultés et lenteurs dues à des problèmes de personnel avaient été constatés" et que les retards seraient rattrapés.

Le 22 décembre, dans un courrier que nous vous adressions, Monsieur le Président, nous avions fait part de nos craintes « pour nos consoeurs et confrères se trouvant toujours et plus que jamais confrontés à des situations dramatiques et qui espèrent toujours l'aide promise par la France. »

 

Au Pakistan, en Iran, dans les pays voisins, nos consœurs - particulièrement exposées - et confrères attendent, depuis plus d'un an, un rendez-vous avec les autorités consulaires françaises. D’autres, ayant été reçus lors d'un entretien, continuent d'attendre une réponse à leur demande de visa long séjour, au titre de l'asile. Leurs visas temporaires au Pakistan, en Iran, plusieurs fois renouvelés, arrivent à expiration, parfois sans qu'ils aient pu même obtenir le rendez-vous espéré. Ils sont alors désormais, et c'est arrivé  ces jours-ci encore, soumis à arrestation, détention puis reconduction aux frontières vers l'Afghanistan, pays où ils sont de nouveau contraints de se cacher. 

 

Dans un courrier transmis par votre chef de cabinet le 26 janvier dernier, nous avions bien noté que « le Président de la République, particulièrement vigilant quant au respect des droits et des libertés fondamentales du peuple afghan », « avait condamné  fermement les multiples exactions et violations des droits humains auxquelles la population afghane est confrontée depuis la chute de Kaboul le 15 août 2021 », et la France « avait également réaffirmé son engagement constant et déterminé, partout dans le monde, en faveur de la liberté de la presse et de la protection des journalistes, et de tous ceux dont l'expression contribue à une information libre et au débat public. »

 

 

Des situations prioritaires

 

Le 22 février, à l'occasion d'un point presse du Quai d'Orsay, le gouvernement annonçait avoir renforcé les moyens des ambassades de France à Téhéran et Islamabad « afin de traiter les demandes d’Afghanes et d’Afghans qui cherchent à quitter leur pays ». Ce travail étant effectué en étroite coopération avec l’ensemble des ministères concernés, en particulier le ministère de l’Intérieur s’agissant des visas aux fins d’asile. 

Concomitamment, Madame Catherine Colonna annonçait qu'un centre de soutien spécialisé serait mis en place, dans les prochains mois, pour renforcer les postes consulaires les plus sollicités, assurant de la volonté de continuer « d'apporter une attention particulière à la situation des journalistes, mais aussi des femmes afghanes qui sont particulièrement menacées ». Ajoutant que ces situations seraient traitées de manière prioritaire.

 

Aujourd'hui, alors que la traque des journalistes et des opposants aux talibans ne cesse de s'intensifier, que les maigres ressources de nos consoeurs, confrères, sont épuisées, force est de constater que, si chaque mois apporte quelques rares bonnes nouvelles, de rendez-vous obtenus ou de visas délivrés, des centaines attendent encore un rendez-vous, une réponse, qui n'arrive hélas toujours pas. Signe que le rythme de délivrance se réduit dangereusement. Signe que les nouvelles ne sont peut-être pas bonnes. Impensable !

 

Alors que nos amis afghans vivent avec grande tristesse ce deuxième anniversaire, il est plus qu'urgent, Monsieur le Président, d'agir pour toutes celles et ceux qui attendent. Ils et elles espèrent, tout comme le SNJ, que votre promesse continuera d'être tenue et respectée.

 

En cette date anniversaire du 15 août 2023, plus que jamais, ne les oublions pas ! 

 

 

Dans l’attente de votre retour, nous vous prions, cher Monsieur le Président, de bien vouloir recevoir nos salutations les meilleures.

 
 
 
Paris le 16 Août 2023

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