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Communiqués de presse

SNJ AFP

Faire vivre le débat rédactionnel à l'AFP est une absolue nécessité

 

L’impartialité de l’Agence France-Presse dans sa couverture de la guerre entre Israël et le Hamas a été durement mise en cause ces dernières semaines, singulièrement en France. Certaines critiques ont pu paraître injustes, notamment eu égard au professionnalisme et au courage de nos collègues documentant cette tragédie sur le terrain, au péril de leur vie. La polémique a pris un tour à nos yeux sans fondement quand elle s’est focalisée sur le non-recours au mot « terroriste », justifié de longue date par des motifs rédactionnels solides.
 

Si nous, élus du Syndicat national des journalistes (SNJ), déplorons que le travail considérable de l’AFP ait été jeté en pâture sur la place publique sans considération des conséquences pour le personnel et la réputation de l’Agence, nous sommes convaincus que ces controverses n’auraient pas prospéré à ce point si un dialogue rédactionnel digne de ce nom avait été possible au sein de la maison. La nature ayant horreur du vide, le débat, qui n’a pas été favorisé en interne - c’est le moins que l’on puisse dire -, s’est déversé à l’extérieur, avec les effets délétères que l’on sait. Depuis, nos dirigeants ont beau se démener pour circonscrire l’incendie à coups de tribunes et prises de parole, le feu n’est pas éteint.

 

La crise que nous vivons - car c’en est une - jette une lumière crue sur un manque qui ne date certes pas d’aujourd’hui. Depuis trop longtemps, la discussion rédactionnelle à l’AFP est prisonnière d’un cadre restreint, strictement délimité par les notes quotidiennes souvent lapidaires issues des conférences de rédaction et les « guidelines » rédigées par les responsables des principes éditoriaux de l’Agence. Le fonctionnement d’une newsroom moderne, constituée de journalistes investis voire passionnés comme peuvent l’être ceux de l’AFP, s’accommode mal de cette approche de « haut en bas », même amendée de désaccords plus ou moins librement exprimés par mail.

 

Il nous faut inventer autre chose, qui évidemment n’enlèverait rien aux prérogatives des rédactions en chef. Une instance de dialogue rédactionnel au sein de laquelle seraient évoquées nos couvertures : pourquoi tel choix a été fait ou au contraire ne l’a pas été ? pourquoi a-t-on fait l’impasse sur tel sujet ? pourquoi l’a-t-on traité comme ceci, pas comme cela ? avec quels mots, quelles images ? etc.

 

L’instance de débat rédactionnel que le SNJ appelle de ses vœux - appelons-la « comité éditorial » - aurait vocation à réunir des membres de la direction et de la hiérarchie rédactionnelle, du conseil d’administration de la Société des journalistes (SDJ), des syndicats de journalistes, et à impliquer tous les journalistes de la rédaction, d’une manière ou d’une autre… Ce type de comité existe déjà dans d’autres rédactions, comme celles du Monde et de BFMTV en France. A nous, collectivement, d’inventer le modèle qui conviendrait à l’AFP – ordre du jour, fréquence et durée des réunions, composition du tour de table, modalités de compte rendu…

 

Le SNJ, première organisation syndicale de la profession en France comme à l’AFP, membre fondateur de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), historiquement investi sur les sujets d’éthique professionnelle, est prêt à prendre sa part dans cette réflexion.

 

L’AFP ne peut pas être un géant mondial de l’information de qualité et demeurer un nain du débat éditorial. Il y a urgence à trouver les voies d’un dialogue renouvelé. La cohésion de notre rédaction en dépend.
Paris le 14 Novembre 2023

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